LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quelle est la différence entre maison de santé, pôle de santé, maison médicale, centre de santé… ?
PIERRE DE HAAS.- La maison de santé est l’évolution logique de la complexité des sociétés et des tâches auxquelles nous sommes confrontés. Avant, on était comme des tuyaux d’orgue, les uns à côté des autres. Aujourd’hui, l’approche devient interprofessionnelle : le patient ne peut aller chez le médecin entendre un discours, aller chez le pharmacien entendre un autre discours, entendre encore autre chose de l’infirmière. Le travail doit être coordonné et protocolisé. Une maison médicale, ce sont des médecins les uns à côté des autres. Quand ils ont un projet commun, cela peut devenir une maison de santé (si elle comporte au minimum deux médecins et un paramédical travaillant de manière coordonnée autour d’un projet de santé dans les mêmes murs). Quand il n’y a pas de lieu de travail commun, c’est un pôle de santé. L’important c’est la notion d’équipe. Le centre de santé, c’est la même chose en non libéral, mais il n’assure pas la permanence des soins et il peut être monoprofessionnel ou pluriprofessionnel. Il y a donc des différences sur les modes de rémunération et les tâches, mais la FFMPS porte parfois des projets avec des centres de santé car ils offrent aussi une réponse intéressante.
Maisons et pôles de santé sont-ils la solution à la désertification médicale ?
L’Ain, où je vis, est le 4e département le moins bien doté en termes de démographie médicale. Je crois qu’il existe un fantasme autour de la désertification médicale car, selon moi, le problème repose sur l’organisation des soins. Il y a une mauvaise utilisation des professionnels de santé. Le problème de répartition géographique est une réalité, mais je ne connais pas d’endroit où les problèmes n’ont pas de solution. Quand il y a des problèmes d’accès, on peut imaginer qu’une officine de premiers recours puisse faire un certain nombre d’activités, comme la surveillance de l’hypertension artérielle. S’il n’y a pas assez d’orthophonistes, on peut penser à des séances collectives. La maison de santé est une réponse à plusieurs problématiques. Elle permet la coordination d’une équipe au service de la qualité des soins. C’est une réponse à la demande des jeunes générations pour qui la différence ne se joue plus entre rural/urbain mais entre l’exercice en équipe ou seul. Enfin, elle donne accès à la continuité et la permanence des soins.
On assiste à un fort développement des maisons de santé grâce à l’incitation des politiques et à l’encadrement mis en place. Est-ce suffisant ?
Effectivement, les premières maisons de santé ont vu le jour dans les années 1980, mais elles se sont faites sans aucune communication. La première à s’être fait connaître est celle de Saint-Amand-en-Puisaye (Nièvre – en fonctionnement depuis 2005 - NDLR). Aujourd’hui, il y a plus de 400 MSP, dont plus de 100 sont engagées dans les nouveaux modes de rémunération et il y a plus de 1 000 projets en cours en France. Mais ce n’est pas encore assez. Dans 20 ans, on ira prendre en photo le médecin qui exercera seul dans son cabinet ! Au final il n’y a pas d’obligation, c’est la demande de financements publics qui amène l’encadrement. De même, pour entrer dans les nouveaux modes de rémunération, on doit répondre à un cahier des charges précis. Beaucoup de MSP se construisent avec l’aide des communes. Quant aux subventions des ARS, ce n’est jamais astronomique, c’est davantage symbolique, une sorte de reconnaissance.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion