Cette fois sera-t-elle la bonne ? Après avoir été retoquée à l’automne dernier lors du vote de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS 2019), puis en janvier dernier, la dispensation protocolisée passera-t-elle le cap de l’hémicycle de l’Assemblée nationale ?
C’est en tout cas l’objectif de Thomas Mesnier, rapporteur général de la loi Santé. Il portera un amendement émanant d'une proposition de l’Ordre des pharmaciens. La dispensation protocolisée consiste à autoriser le pharmacien à délivrer, sans ordonnance, des médicaments à prescription médicale obligatoire (PMO) dans des pathologies bénignes : rhinite, conjonctivite, eczéma… Un éventail de pathologies qu'on retrouvent aux services d’urgences et qui n’ont rien à y faire, comme le souligne Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP). Elle se dit en revanche plus réservée sur les angines dont la prise en charge au comptoir nécessiterait un test.
Concertation avec les médecins
En tout état de cause, la présidente du CNOP insiste sur la nécessité de travailler sur ce projet avec les médecins et les sociétés savantes. Elle affirme ainsi que cet amendement fera l’objet d’une proposition commune avec le Dr Patrick Bouet, président du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) : « le Dr Bouet et moi-même, nous pensons que c’est à nous de faire des propositions aux autorités autour du patient et du parcours de soins du patient ».
Cette concertation suffira-t-elle à abattre les barricades élevées par les médecins à l'automne dernier ? La dispensation protocolisée, telle qu’elle est envisagée par l’Ordre des pharmaciens, tout comme par les deux syndicats représentatifs de la profession, reflète la volonté des pharmaciens de trouver des solutions pour le parcours de soins des patients. « Nous nous rendons compte aujourd’hui de la difficulté d’accès des Français aux soins non programmés. Dans un récent sondage que nous avons effectué, 80 % des personnes interrogées ont déclaré que la dispensation protocolisée pourrait être une solution », constate Carine Wolf-Thal.
Cet amendement a d'autant plus de chances de passer à la loi Santé qu'il dispose aujourd’hui devant l’Assemblée nationale d’un nouvel atout : le soutien de la majorité. Car le Grand débat national lancé le 15 janvier dernier a fait apparaître la prise en charge des soins non programmés comme une préoccupation majeure des Français, alors même que la santé ne figurait pas parmi les thématiques énoncées par le président de la République. « Il faut donc tout envisager pour apporter des solutions à la population. La dispensation protocolisée peut en être une. Ce n’est pas la seule mais c’est une piste intéressante car on ne peut attendre plus longtemps les promesses d’installation de médecin ou d’exercice coordonné », déclare la présidente du CNOP.
De même, précise-t-elle, tous les pharmaciens ne seront pas contraints de s’engager dans cette voie. « Certains ne la jugeront pas utile. Ce sera comme pour la vaccination, je n’ai aucune difficulté à ce que des confrères me disent qu’ils n’y voient pas d’intérêt », rassure Carine Wolf-Thal. Elle affirme cependant « il est de mon rôle d’ouvrir les champs du possible ».
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