ENVIRON trois mois après le début de l’expérimentation sur l’intégration des médicaments dans les budgets de soins des EHPAD*, c’est l’heure des premiers enseignements. « Il faut que les officinaux s’investissent pour que la fourniture de médicaments aux EHPAD reste dans leur giron », estime Claude Guesdon, titulaire à Chaumont-en-Vexin (Oise) et pharmacien référent dans la maison de retraite de sa ville. « Cette expérimentation est une bonne chose pour l’amélioration de la qualité des soins dans les EHPAD, car la présence et l’avis d’un pharmacien ne sont jamais négligeables, renchérit cet autre « pharmacien référent », Nathalie Venard, officinale à Grand-Quevilly (Seine maritime). Celle-ci déplore toutefois qu’elle ait été établie dans l’urgence et semble parfois avoir été mal préparée. Patricia Bayard, pharmacien à Desvres (Pas de Calais) y voit pour sa part « l’avenir de la pharmacie, doublé de l’intérêt du travail avec le médecin coordonnateur », et, espère-t-elle, « avec les médecins extérieurs à l’établissement ».
PDA ou pas.
Avant de participer à l’expérimentation, Claude Guesdon fournissait déjà l’EHPAD de 160 lits depuis quatre ans. Pour lui, l’approvisionnement passe par la préparation des doses à administrer (PDA). Deux préparatrices garnissent ainsi les piluliers hebdomadaires (sauf les sachets oraux) marqués au nom des malades et déposés dans l’armoire à pharmacie de chacun des services. Nathalie Venard, elle aussi, approvisionnait auparavant la maison de retraite de 104 lits. Mais, contrairement à son confrère de l’Oise, la titulaire de Seine-Maritime refuse de se lancer dans la PDA, faute de texte réglementaire précis. « L’inspecteur régional de la pharmacie y est tout à fait opposé et a déjà infligé des amendes », argumente-t-elle. Dans le Pas-de-Calais, Patricia Bayard ne tient pas non plus à prendre en charge la PDA pour l’EHPAD de 110 pensionnaires dont elle s’occupe, non seulement parce qu’elle n’est pas réellement autorisée, mais aussi parce qu’elle la juge « trop coûteuse ».
Un travail de coopération.
En ce qui concerne les relations avec le personnel médical, celles-ci semblent être au beau fixe pour nos trois pharmaciens référents. « Notre intervention les soulage », affirme Claude Guesdon, qui apprécie « cette chance de voir autre chose que le comptoir ». « J’ai une réunion chaque jour avec un staff », indique de son côté Nathalie Venard. Pour elle, cette réunion quotidienne est importante pour la qualité des soins, les infirmières en profitant pour faire remonter des observations, notamment sur des effets secondaires observés. « Mon rôle consiste à vérifier les ordonnances, à choisir les molécules et les génériques, en relation avec les médecins », explique, pour sa part, Patricia Bayard.
Des préoccupations.
Toutefois, l’expérimentation en cours fait aussi ressortir quelques préoccupations. « Je ne peux pas m’impliquer comme si j’étais hospitalier », souligne Claude Guesdon. Nathalie Venard s’inquiète, elle, de la taille du forfait alloué aux résidents. « L’aggravation d’une pathologie, ou l’apparition de pics épidémiques, n’est pas envisagée », fait-elle remarquer. « Ne risque-t-on pas un blocage budgétaire qui discriminerait les patients des EHPAD ? », s’interroge la titulaire. « Transférer le budget médicament de l’assurance-maladie vers les EHPAD n’est pas, a priori, une mauvaise chose pour la qualité des soins, estime Claude Gesdon. Mais comment va-t-on financer tout cela ? » « On navigue à vue », regrette le pharmacien de Chaumont-en-Vexin.
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