VOICI une anecdote qui m’est arrivée la semaine dernière, alors que je venais au secours d’une consœur et amie dont une partie du personnel était en vacances. Une femme s’est présentée avec une ordonnance d’Hydréa. Naturellement, je lui ai demandé comment se passait son traitement. Question ouverte, comme on nous les enseigne en formation, m’imaginant déjà discuter avec elle de ce médicament un peu particulier. Sa réponse m’a laissé bouche bée : « Pourquoi me demandez-vous cela ? ». Elle était souriante, tout à fait courtoise mais surprise, et sans hésiter, elle m’a interrogée : « Pourquoi me demandez-vous cela ? » Répéta-t-elle. J’avoue avoir été décontenancé un instant, voyant défiler toute une série de mots désagréables comme « épicier » ou « caissier ». Oui ! Sa réponse m’a donné le sentiment blessant de n’être que le simple exécuteur de l’ordonnance médicale. Sans le savoir, elle défiait le serment que j’avais prononcé quelques années plus tôt, selon lequel j’avais juré de ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs envers le malade. J’étais sur le terrain, bel et bien confronté à la réalité.
J’ai dû balbutier une réponse, du genre « je voulais en fait savoir si vous aviez des questions par rapport à votre traitement ». J’avais pourtant noté qu’il s’agissait d’un renouvellement d’ordonnance et je me doutais un peu de sa réponse. Quand bien même, peut-être cette patiente avait-elle des questions qu’elle n’osait pas, ou qu’elle n’avait pas pris le temps de poser à son médecin ? Mon interlocutrice m’a finalement confirmé qu’elle prenait ce médicament depuis plusieurs années, que le médecin lui avait expliqué son mode d’action.
Finalement, en y repensant - parce que cette histoire, aussi anodine soit-elle, m’a fait cogiter, croyez-moi - je me suis demandé pourquoi cette femme avait été aussi surprise par ma question, et pourquoi je me suis senti piqué à vif par sa réponse. Ai-je été victime d’une hypersusceptibilité, voire d’une paranoïa ? Finalement, aurais-je dû lui répondre franchement, « je suis pharmacien, Madame, et c’est mon métier de m’assurer que vous comprenez votre traitement, de recueillir certains problèmes que vous pouvez rencontrer avec ce médicament et de tenter d’y remédier » ? Ah ! Cette réflexion ambiante autour de ma profession commence à me tourner la tête.
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