LES SOUVERAINISTES français, de Nicolas Dupont-Aignan au Front national, voient dans les difficultés actuelles de la zone euro les prémices d’un éclatement qu’ils appellent de leurs vœux. Ils ne manquent pas d’arguments. L’euro a été créé avec l’idée qu’il n’y aurait pas de crise financière mondiale et les mesures propres à le consolider n’ont été conçues que dans la panique qui a suivi, le 15 septembre 2008, l’effondrement de la banque américaine Lehman Brothers. De la même manière, les fameux critères de Maastricht (dette publique pas plus élevée que 60 % du PIB, inflation contenue à 2 %, déficit budgétaire limité à 3 % du PIB) ont été édictés comme si les États membres de l’UE ne présenteraient jamais que des budgets en équilibre, ce que même l’Allemagne n’a pu faire que pour une année récemment. Enfin, il manque à l’Union un président politique, capable de réunir un consensus des États dans l’urgence, rôle que Herman Van Rompuy, le président actuel, ne joue pas vraiment. Tous ces arguments vont dans le sens des souverainistes qui voudraient la fin de l’Europe et la liberté pour la France de gérer ses affaires, étrangères ou monétaires, comme elle l’entend.
Supposons que, sous la pression de la crise, les gouvernements de l’Union abolissent la zone euro. Que se passera-t-il ? Les pays financièrement les plus menacés, ceux du sud de l’Europe, joueraient la dévaluation compétitive, ce qui stimulerait leurs exportations et leur permettrait de créer des emplois, donc, théoriquement de ramener progressivement leur budget à l’équilibre. Il n’empêche que si tout le monde dévalue en même temps, l’avantage commercial disparaît. On admettra que la dévaluation des monnaies nationales réduirait le montant de la dette pour chaque pays, car ils rembourseraient en monnaie faible ce qu’ils avaient emprunté en euros forts. Cet atout, cependant, serait insuffisant pour la plupart des pays concernés, qui sont surendettés. Avec une dévaluation et une inflation inévitables, ils ne pourraient emprunter qu’à des taux stratosphériques. Ils se retrouveraient donc progressivement dans le piège où ils sont aujourd’hui enfermés.
L’Allemagne défendra l’euro.
Une Allemagne qui reviendrait au Deutsche mark serait-elle plus heureuse ? La dévaluation compétitive de ses partenaires européens diminuerait ses propres exportations, soudain plus chères. Cela induirait chez elle une augmentation du chômage et, par conséquent, un risque de déficit budgétaire et d’accroissement de la dette. Ces raisons font qu’il n’existe pas, bien que l’euro ait été imparfaitement conçu et mal préparé à la crise, de solution crédible dans la disparition de la zone euro. À quoi il faut ajouter que ce qui n’a pas été fait dans le calme il y a dix ou douze ans a été tout de même accompli pendant la crise. Quoi qu’il en soit des querelles entre Allemands et Grecs, de l’agitation sociale en Irlande et au Portugal, ou de la lenteur décisionnelle de la chancelière Angela Merkel, un fonds de 750 milliards d’euros a été mis en place par l’Union européenne et les aides apportées à la Grèce et à l’Irlande ne l’ont que faiblement entamé. Il jouerait tout son rôle si d’autres pays de la zone euro étaient atteints à leur tour d’une crise de la dette.
Cette analyse ne vaut que parce qu’elle montre qu’il n’y a pas d’échappatoire au comportement des emprunteurs intoxiqués sinon le recours à la simple vertu. C’est par vertu économique que le gouvernement socialiste d’Athènes a adopté un plan d’austérité accablant pour les Grecs ; c’est par vertu que le gouvernement britannique conservateur vient de faire de même, sans d’ailleurs provoquer une révolution ; et c’est au nom de la même vertu que le nouveau gouvernement Fillon annonce une fois de plus une réduction des dépenses publiques en 2011. Il n’est pas question de contester ici les terribles conséquences de la rigueur sur la vie des foyers de la classe moyenne ou pauvre. Elle souffre plus que les autres classes parce que, hélas, elle est beaucoup plus tributaire des prestations sociales que les foyers plus aisés. Et elle souffre dans la durée parce qu’il nous faudra plusieurs années pour revenir à l’équilibre budgétaire et au gel de la dette, sans parler de son progressif remboursement. Mais l’euro n’est pas responsable de ses souffrances et la dévaluation compétitive n’est pas la panacée.
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