EN 2010, le chiffre d’affaires (CA) hors taxe moyen des officines françaises progresse de 1,29 % selon une enquête du cabinet d’expertise comptable Fiducial (« le Quotidien » du 1er septembre). Dans les campagnes, la stagnation de l’activité est davantage marquée, avec une croissance moyenne du CA de 1,06 %. C’est encore pire au sein des adhérents de l’Association de pharmacie rurale (APR) dont la progression du CA moyen s’élève à seulement 0,11 %, selon Fiducial*. C’est d’ailleurs la croissance la plus faible depuis 10 ans. Et Philippe Becker, directeur du département pharmacie chez Fiducial, de mettre en garde contre l’application de nouvelles mesures qui risqueraient d’avoir des conséquences dramatiques sur ces officines, telle la mise en place de TFR dans des groupes génériques à fort potentiel.
En fait, on remarque une croissance à deux vitesses : d’un côté, des officines (57 %) qui présentent un CA en augmentation de 2,37 % en moyenne ; de l’autre (43 %), des pharmacies dont le CA recule en moyenne de 2,79 %. En 2011, ce contraste va encore s’accentuer, prévient Philippe Becker. Quoi qu’il en soit, même si l’activité des pharmacies rurales n’est pas épargnée actuellement, celles-ci possèdent « une capacité de résistance beaucoup plus forte que les officines des centres ville, car elles maîtrisent parfaitement leurs frais généraux et de personnels », souligne le directeur du département pharmacie de Fiducial. Par exemple, le montant des loyers qu’elles ont à s’acquitter est relativement stable. Ce qui n’est pas le cas dans les grandes villes ou les centres commerciaux. D’ailleurs 90 % des pharmacies en redressement judiciaire ou engagées dans une procédure de sauvegarde se situent en zone urbaine.
Préserver le tissu sanitaire.
Qui sont les 10 % de ruraux qui s’enfoncent dans le rouge ? « On peut penser qu’il s’agit des pharmacies qui souffrent de la désertification rurale », avance Philippe Becker. Avis partagé par Benoît Thiébaut, président de l’APR. Le départ du dernier médecin d’une commune n’est en effet généralement pas une bonne nouvelle pour les pharmaciens. Benoît Thiébaut cite notamment l’exemple d’un canton des Pyrénées-Orientales où les médecins du secteur ont décidé de se regrouper au sein d’une maison de santé pluridisciplinaire. Résultat, « quatre des huit officines vont se retrouver sans prescripteur à moins de 20 à 30 minutes et donc en grand danger pour l’avenir », déplore le président de l’APR. Pour pallier ce phénomène, il vient d’adresser au ministre de la Santé deux propositions (voir « le Quotidien » du 15 décembre). La première consiste à offrir la possibilité aux habitants dont le médecin part exercer dans une maison de santé de passer un contrat avec le pharmacien de leur choix. Ce contrat leur permettrait de bénéficier d’un suivi thérapeutique particulier. La deuxième est de maintenir les locaux des médecins partis exercer dans la maison de santé et de les transformer en cabinets satellites dans lesquels les praticiens pourraient revenir consulter quelques jours par semaine. Pour Benoît Thiébaut, ces propositions doivent tout simplement permettre de « sauver les officines qui vont perdre leur médecin ». Et, du même coup, préserver un tissu sanitaire de qualité pour les patients.
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