LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. - Quels seront les temps forts du congrès des pharmaciens 2010 ?
PHILIPPE GAERTNER. – Le Congrès commencera pour le bureau national et les présidents départementaux non pas le samedi, mais le vendredi. Pour la première fois, nous avons en effet décidé de tenir une assemblée générale extraordinaire la veille du Congrès national. Il s’agit pour nous, à la fois de faire le point avec nos syndicats départementaux sur ce qui s’est passé depuis la précédente AG de début juillet et de repréciser nos propositions et nos demandes pour revaloriser la marge. Ce sera aussi l’occasion de décider des actions que nous engagerons si aucune mesure concrète ne nous était présentée lors de la réunion du 25 octobre sur l’économie de l’officine avec les représentants du ministère. Mais ce congrès sera aussi pour nous l’occasion d’aborder les grands dossiers d’actualité avec les partenaires extérieurs à l’officine. Un an après l’adoption de la loi HPST**, nous ferons notamment un état des lieux des perceptions des uns et des autres sur le devenir du métier de pharmacien.
Pensez-vous que les négociations sur l’économie vont aboutir le 25 octobre ?
Le 25 octobre, les pouvoirs publics doivent nous présenter des mesures précises. Les confrères sont très impatients et ce, depuis longtemps. De son côté, la ministre de la Santé comptait inscrire les dispositions économiques dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2011, dont l’examen par les députés commence le 26. Alors, si à la veille du débat à l’Assemblée nationale on ne nous annonce pas de décisions concrètes, c’est qu’on nous promène. Nous ne l’accepterons pas.
Pour notre part, nous avons apporté aux représentants de l’État les données relatives à la situation économique des officines. Nous leur avons également fait des propositions, innovantes pour certaines, tout en veillant bien à ce qu’elles soient à périmètre constant de coût pour l’assurance-maladie.
En quoi votre proposition d’augmenter la première tranche de la marge à 75 euros est-elle la meilleure solution pour sortir l’officine du rouge ?
Au cours des dernières années, nous avons assisté au déplacement d’un certain nombre de médicaments de la première à la deuxième tranche, avec à la clé, une perte de marge pour les pharmaciens. C’est le cas en particulier avec les conditionnements trimestriels et les spécialités réunissant plusieurs principes actifs dans un souci d’améliorer l’observance. Notre proposition de revaloriser la première tranche de la marge à 75 euros permet donc de régler de façon importante ce problème de changement de tranche. Elle replace en effet 97 % des produits dans la première tranche. Notre objectif n’est pas de favoriser ceux qui dispensent des produits issus de la réserve hospitalière. Jusqu’à 75 euros, ces médicaments ne sont pas, ou peu, concernés. Autre intérêt de revaloriser la première tranche : resserrer les marges entre les officines, qui ont eu tendance à s’écarter avec le système tel qu’il existe aujourd’hui. À l’inverse, l’augmentation du forfait à la boîte creuse davantage l’écart entre les pharmacies. À côté de cela, nous préconisons l’entrée progressive dans un modèle de paiement à l’honoraire ou à l’acte pour certains services, tout en maintenant la rémunération à la marge. Toutefois, si l’on veut aller demain plus loin dans cette voie, il faut d’abord resserrer les écarts de marge entre les pharmaciens sur le médicament remboursable. Sinon, on risque d’arriver à une situation absolument plus maîtrisable.
Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de proposer, en contrepartie, un TFR généralisé ?
La condition de départ fixée par les pouvoirs publics était claire : les solutions pour améliorer l’économie des officines ne doivent pas entraîner de surcoût pour l’assurance-maladie. Or, les propositions émises par un autre syndicat ne prévoient aucune mesure compensatrice. Elles n’ont donc aucune chance d’aboutir. Nous, ce que nous proposons, ce n’est pas une généralisation du TFR, mais une application ciblée sur certaines molécules afin de générer les économies nécessaires à une augmentation de la marge des pharmaciens. Parler de TFR généralisé, c’est tromper les confrères. Nous sommes attachés à l’importance du générique, tout comme l’assurance-maladie et l’État qui ne retiendraient d’ailleurs aucune mesure risquant de contrecarrer la substitution.
Quelles seront, selon vous, les conséquences du PLFSS 2011 sur l’officine ?
Je regrette qu’une fois de plus le médicament soit considéré comme la variable d’ajustement majeure. À lui seul, il représente près de 50 % des économies prévues dans le PLFSS. La commission des comptes de la Sécurité sociale explique qu’il s’agit de l’effort de l’industrie. Or, bien entendu, cela représente l’effort de l’ensemble de la chaîne du médicament. Dans ce contexte, notre demande de revalorisation de la marge se justifie d’autant plus.
En ce qui concerne les EHPAD***, j’espère que ce PLFSS prendra acte du rapport de l’IGAS sur l’expérimentation relative à la réintégration du budget médicament dans le forfait de soins de ces établissements. Les parlementaires doivent savoir tirer les conclusions de l’expérimentation et revenir sur le principe de la forfaitisation qui risque d’écarter des maisons de retraite les personnes âgées dont les traitements sont coûteux.
Les élections aux URPS approchent. Quels sont les thèmes de campagne de la Fédération ?
Ce sera avant tout la défense d’un pharmacien, d’abord pharmacien, pour paraphraser notre slogan de campagne. C’est-à-dire que pour nous, la première chose qui guidera l’ensemble de nos actions, sera de s’inscrire dans une logique du « toujours plus professionnel de santé ». Mais, il faut en avoir les moyens. Ce qui commence par le respect des trois piliers de l’officine. La deuxième chose, c’est notre volonté de proposer des actions qui s’inscrivent dans le cadre des évolutions prévues par la loi HPST, tel le pharmacien correspondant. Nous souhaitons être un acteur majeur de l’évolution de la convention avec l’assurance-maladie, tout en préservant les droits du pharmacien dans les domaines de la garantie de paiement, de l’évolution informatique, ou encore de la simplification des tâches administratives.
**Hôpital, patients, santé et territoires.
***Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.
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