SIMON Cazin n’en revient pas : « je me suis installé à Wailly-Beaucamp, il y a douze ans. Jamais, je n’aurais pensé exercer dans un village où il n’y a plus de médecin. J’étais persuadé que nous trouverions un candidat à la reprise ou au moins à une installation ». Le Dr Jean-Michel Demède a fermé la porte de son cabinet fin juin après trente-sept ans d’exercice sans successeur. Paradoxe de l’histoire : cela fait deux siècles que le premier généraliste s’est installé ici et l’officine n’a été créée qu’en 1986, grâce aux efforts du maire. Désormais, c’est au tour du pharmacien de toquer aux portes des autorités. « Le député a promis lors de la campagne législative de faire venir une dizaine de médecins dans la circonscription. Mais on ne sait ni quand ni où », explique Simon Cazin, plutôt pessimiste pour le court terme. Il réfléchit à la création d’une maison de santé car des locaux modernes sont disponibles. « Il y a un vrai besoin sur Wailly-Beaucamp pour les habitants de cette localité et des villages proches mais plus reculés de l’arrière-pays qui n’ont pas de médecins avec un potentiel global de 2 500 habitants », souligne ce pharmacien. Mais la côte - notamment Berck connu pour ses établissements pour handicapés - et Montreuil-sur-Mer, distants de moins de dix kilomètres, sont bien dotés en structures médicales et paramédicales, ce qui n’incite pas les pouvoirs publics à intervenir dans l’urgence. En outre, le Centre hospitalier de l’arrondissement de Montreuil-sur-Mer (CHAM) est à trois kilomètres.
Annonces et affichettes.
« C’est une zone qui se développe avec l’usine Stolz à Wailly-Beaucamp et Valeo à Etaples. Quand je suis arrivé, le village comptait 780 habitants. Aujourd’hui, il y en a 1 000. Le coin est superbe et l’été, les campings sont pleins », s’enthousiasme Simon Cazin. Depuis plusieurs semaines, il dépose des annonces, colle des affichettes dans les facultés de Lille et d’Amiens, au CHAM et au Centre hospitalier de Berck, en espérant attirer un interne. « Un collègue dans le village de Blangy s’est retrouvé dans cette situation, sans médecin pendant près de trois ans, avant qu’un praticien roumain ne vienne s’installer. Il a souffert », raconte-t-il. Pour l’instant, le pharmacien de Wailly ne ressent pas encore de fortes baisses des ventes. « Les patients du Dr Demède représentaient 20 % de mon chiffre d’affaires. Ce n’est pas 100 % mais ce n’est pas négligeable. J’ai donc décidé de reporter tous les travaux de rénovation de l’officine que j’avais prévus », souligne Simon Cazin qui prend conscience des effets dévastateurs de la désertification médicale. Neveu d’un ancien doyen de la faculté de pharmacie de Lille, dont il tient sa passion pour la pharmacie, frère de trois médecins et fils de dentiste, il connaît l’importance des réseaux et ne ménage pas ses efforts. « Le Dr Demède n’avait pas noué beaucoup de contacts avec la jeune génération et ne s’est jamais fait remplacer. Il faisait peu d’actes et beaucoup de visites. La médecine de campagne à l’ancienne, cela n’est pas très attractif. Mais les choses évoluent. Les habitudes des patients peuvent changer », espère Simon Cazin.
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