En 2016, un cadre de mise à disposition précoce des bactériophages pour des usages compassionnels a été défini pour la France. Trois ans plus tard, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) réunit un comité d'experts pour prendre en compte les retours d'expérience et les perspectives de la phagothérapie.
Abandonnée au moment de la Seconde Guerre mondiale au profit de l'antibiothérapie (plus stable et facile d'utilisation), l'utilisation des phages est tombée dans l'oubli pendant de nombreuses années dans le monde entier. À l’exception de la Russie et de la Géorgie qui n'ont jamais arrêté leur utilisation. Mais face aux défis posés par l'antibiorésistance, d'anciennes méthodes de soins reviennent à la surface. C'est le cas de la phagothérapie dont les propriétés antimicrobiennes ciblées peuvent en faire une alternative sérieuse aux antibiotiques (lire notre article « abonné »). C'est dans ce cadre que l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a réuni un comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) en mars 2016, qui avait permis de réaliser un état des lieux des situations en impasse thérapeutique et de définir un cadre de mise à disposition précoce des bactériophages pour des utilisations compassionnelles.
Alors que les résultats de l'essai Phagoburn mené en Europe de juin 2013 à février 2017 ont été publiés le mois dernier dans « The Lancet Infectious Disease », l'ANSM estime nécessaire qu'un CSST se penche sur les « retours d'expérience » des équipes hospitalières ayant utilisé des phages en traitement compassionnel depuis 2016, avant d'évoquer les perspectives à très court terme. En effet, des essais cliniques sur les phages sont susceptibles d'être réalisés en France courant 2019. De plus de nouvelles préparations de bactériophages anti-Pseudomonas et anti-Staphylococcus devraient être disponibles cette année par le biais d'autorisation temporaire d'utilisation (ATU). Le nouveau comité d'experts se réunira le 21 mars prochain et procédera notamment à des auditions de sociétés savantes et d'associations de patients.
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