Autorisées depuis 1999, les chaînes et les propriétés multiples ont bouleversé le paysage pharmaceutique hollandais, entraînant aussi une augmentation de 25 % du nombre des officines. Inconvénient classique de cette libéralisation : la plupart des créations ont eu lieu dans les villes, laissant apparaître des problèmes d’accès autrefois inconnus dans les zones les plus isolées.
Autre révolution, les assurances sociales publiques ont cédé la place, en 2006, à six caisses d’assurance maladie privées, les patients étant tenus d’en choisir une. Ces caisses sont les véritables « acheteurs » de prestations auprès des professionnels de santé, pharmaciens compris. Ces derniers signent donc des contrats individuels avec chaque caisse - ou uniquement certaines d’entre elles -, contrats qui définissent aussi le montant de leurs honoraires et de leurs autres services. La majorité des revenus des pharmaciens provient d’un honoraire de délivrance à la ligne, qui s’élève à 6 ou 7 euros selon les caisses. La première délivrance, qui réclame plus de conseils et d’information, est mieux rémunérée que les suivantes. En outre, les pharmaciens touchent un honoraire annuel de consultation pharmaceutique pour certains patients polymédiqués âgés. Ils effectuent aussi des consultations (comprises dans les honoraires) pour tout patient qui le demande, et à l’issue des séjours hospitaliers pour assurer la continuité des traitements.
Par ailleurs, les Pays-Bas ont choisi ces dernières années d’encourager le recours aux préparations magistrales, qui font l’objet d’un honoraire spécifique. Toutes les prestations payées par les caisses étant soumises à des appels d’offres, les pharmaciens ont par contre perdu le « marché » des vaccinations à l’officine qu’ils ont longtemps assuré… parce que les médecins se sont montrés moins chers qu’eux pour cette activité. En revanche, les ventes d’OTC et de produits conseils sont quasi-nulles en pharmacie, le secteur étant détenu à 98 % par les drogueries et les drugstores, qui se livrent une forte concurrence.
Pas d'Ordre
Il n’y a pas d’Ordre des pharmaciens, mais la plupart des officinaux adhèrent, librement, à l’Association royale pour l’encouragement de la Pharmacie (KNMP) qui constitue leur représentant officiel et mène de nombreuses missions de santé publique. Installée à La Haye, la KNMP entend promouvoir la qualité de l’acte pharmaceutique, le service au patient et la sécurité. Elle a développé des systèmes d’information pour les patients, ainsi qu’une banque de données destinée à promouvoir le bon usage du médicament et à recenser les interactions et les effets indésirables. Tous les pharmaciens la consultent pour optimiser leurs délivrances, et l'enrichissent régulièrement.
Aux Pays-Bas, explique Ka-Chun Cheung, pharmacien membre de la KNMP, la coopération entre les médecins et les pharmaciens est une réalité, et il est fréquent que les officinaux adaptent ou modifient d’eux-mêmes des prescriptions. Le médecin a certes le droit de s’y opposer, mais le pharmacien est alors autorisé à refuser la délivrance. En pratique, ces conflits sont rares, et les deux professions travaillent étroitement ensemble, souvent dans les mêmes immeubles.
Le creux de la vague
C’est le cas de Marcel Kooij, qui a récemment transféré son officine d’Amsterdam dans une maison de santé occupée par trois médecins, un dentiste et un kinésithérapeute, tout en choisissant de rester indépendant. Comme ses confrères, il a dû s’adapter aux évolutions économiques récentes (baisses des prix, pressions toujours plus fortes des caisses, concurrence des chaînes) par une rationalisation accrue du fonctionnement de son officine, fortement automatisée. Il a dû réduire son personnel et le nombre de ses préparateurs, tout en améliorant ses services.
Une politique de qualité qui porte ses fruits, puisque les pharmaciens les plus innovants dans leurs services peuvent négocier de meilleurs contrats avec les caisses. En outre, Marcel Kooij dispose d’une clientèle importante et fidèle, qui lui permet de maintenir une activité forte en dépit des honoraires qu’il juge trop faibles. Il n’en reste pas moins, conclut-il, que « la situation économique des pharmacies s’est constamment dégradée ces dernières années, et que nous avons maintenant atteint le creux de la vague ». Ajoutons que leur taille et leur faible densité ont sans doute amorti ces tempêtes qui, sans cela, auraient sans doute été fatales à beaucoup d’entre elles…
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