L’exercice du pharmacien d’officine serait-il aussi simple que certains le pensent ! Un responsable politique a dit, il y a plusieurs d’années, qu’il suffisait de connaître son alphabet pour se tenir derrière un comptoir d’officine ! Niaiserie parmi d’autres…
Pour preuve, voici quelques exemples de difficultés auxquelles nous sommes bien souvent confrontés : renouvellement de Cymbalta chez une femme en début de grossesse, demande quotidienne de Néo-Codion de la part d’un adolescent, prescription mensuelle de 15 médicaments chez une femme de 92 ans, troisième demande de NorLevo depuis 6 mois de la part d’une adolescente de 15 ans…
Ces situations qui nous embarrassent, vous les connaissez tous. Et chacun essaie à sa façon de trouver la meilleure solution : appel au médecin qui ne veut pas revenir sur sa prescription car d’autres molécules antérieurement prescrites n’ont eu aucune efficacité, avertissements au sujet de la dépendance et mise en relation avec un addictologue qui s’est révélée sans résultat, prise de contact infructueuse avec le prescripteur harcelé par la famille de la personne âgée, adolescente désorientée qui ne veut plus vivre dans sa famille…
À vrai dire, de telles situations nous écartèlent, car nos comptoirs ne sont pas ceux d’une banque ! Nous sommes au service de la santé des personnes et, quelle que soit la décision prise dans ces cas, nous demeurons insatisfaits.
Toutes nos interrogations révèlent une rupture de continuité dans la logique de ces prises en charge. Une éthique d’ordre professionnelle prenant appui sur notre compétence scientifique demeure évidemment indispensable : la connaissance des réserves d’un fabriquant dans l’utilisation d’une molécule durant la grossesse, la détection de plusieurs interactions ou la connaissance de contre-indication dans l’emploi répété d’une molécule… sont incontournables, mais sont-elles suffisantes dans de pareils cas ? Même si certains considèrent ce niveau de questionnement suffisant, ne doit-on pas aller chercher aussi au-delà ? Peut-on continuer à valider un mode de pensée essentiellement binaire ? De telles situations ne déstabilIsent-elles pas nos normes et principes habituels et nous poussent à trouver d’autres repères ?
La rupture de continuité évoquée plus haut est avant tout liée aux situations personnelles : femme enceinte dépressive depuis plusieurs mois, personne âgée « trop » aimée par sa famille, jeunes à la recherche de sens au travers de conduites irraisonnées… Et si une certaine émotion peut venir parasiter nos questionnements, ne peut-on pas reconnaître que, en plus de l’éthique d’ordre professionnel, doit s’ouvrir un espace de réflexion intégrant la singularité de ces situations pour instaurer davantage d’honnêteté et d’authenticité dans nos décisions ? S’en tenir à des repères strictement scientifiques risque de faire oublier l’autre et ce qu’il vit dans ce qu’il a d’irréductible.
Une dernière question : pour avancer dans la résolution de ce type de conflit éthique, peut-on rester seul ? Ne risque-t-on pas de tourner en rond ou de rester bloqué par quelques a priori à vouloir résoudre ces situations complexes d’une manière isolée ?
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