« ENTRE PROFESSIONNELS dans la santé… oser la rencontre ». Tel était le thème de la journée organisée le dimanche 15 mai par la Conférence chrétienne des associations de professionnels dans la santé composée de l’Action catholique des milieux sanitaires et sociaux (ACMSS), de l’Association française des pharmaciens catholiques (AFPC), du Centre catholique des médecins français (CCMF) et des Jeunes médecins chrétiens (JMC).
Les divers témoignages exprimés lors des forums, à l’amphi Charcot de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, concordent, avec un diagnostic commun, posé par tous : il est urgent de réinventer le dialogue « dans un système qui pousse à la fatigue, à l’erreur, à la faute, qui force au chacun pour soi et à la fuite », comme a pu le dire Jacques Faucher, médecin et aumônier accompagnateur.
« Le saucissonnage de la prise en charge, avec une parcellisation du savoir nous enferme dans nos tours d’ivoire, que nous soyons hospitaliers ou libéraux », note un généraliste. « Cela fait trente ans qu’on se plaint de pas communiquer entre professionnels, nous n’avons pas de lieu pour nous rencontrer », constate une infirmière.
Mgr Michel Guyard, évêque accompagnateur de la pastorale de la santé, l’explicite lors de la célébration finale : « Dans un monde où la complexité des problèmes et des peurs latentes risquent de conduire à la défense de ses intérêts particuliers, il est urgent d’oser la rencontre pour ouvrir de nouveaux espaces au service du bien commun, le vrai service qui donne la possibilité de vivre ensemble. Dans des structures fortement hiérarchiques, il faut aujourd’hui conjuguer la complexité pyramidale avec des réseaux horizontaux de partenariat impliquant les divers professionnels. »
C’est le sens de la démarche proposée par exemple par le Dr Élisabeth Didier et le laboratoire d’éthique du CHU de Tours : « Nous avons créé des groupes de paroles, explique-t-elle, où chacun relate ses expériences, non pas comme une histoire clinique parmi d’autres, mais pour faire émerger un sujet. »
Autre exemple évoqué à la tribune par une de nos consœurs, Élisabeth Jan : la Fédération bretonne interprofessionnelle de santé, en prenant en charge plusieurs pathologies lourdes, « se donne pour objectifs la mise en œuvre de projets à l’impact positif sur l’organisation de l’offre de soin, sur la qualité des services aux patients, et surtout sur l’organisation du travail en interprofessionnel dans la région ».
Deux maîtres mots sont souvent revenus : compétence et partenariat. N’est-ce pas notre raison d’être que de « mettre ensemble nos compétences pour "prendre soin", et non pour "faire du soin", en engageant ce surplus d’humanité indispensable à la réussite de projets de soins qui associent qualité, sécurité et globalité, et qui soient également porteurs de sens ».
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