LE MÉTIER de pharmacien change. Acteur de premier recours, depuis le vote de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), les officinaux se retrouvent en effet, avec les médecins et les infirmiers, aux côtés des autres professionnels de santé pour prendre en charge le patient. D’autant que « la loi Fourcade leur a reconnu le droit de s’organiser sous une forme sociale pour proposer divers services dans le cadre des sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (SISA) », explique Francis Mergelin, professeur de droit et économie de la santé à l’université René Descartes Paris V.
Deux ans après le vote de la loi HPST, et en particulier de son article 38 qui prévoit les coopérations interprofessionnelles, la question de la valorisation du rôle du pharmacien dans la chaîne de soins est donc totalement d’actualité. D’autant que la rémunération de ces nouvelles missions est inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2012. Un PLFSS qui, par ailleurs, « taxe fortement le médicament et incite donc les pharmaciens à rechercher d’autres sources de revenus pour éviter de pâtir davantage d’un contexte économique difficile », explique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats de pharmaciens de France (FSPF).
Contracter avec les organismes complémentaires.
Cette valorisation des nouvelles missions des pharmaciens nécessite toutefois que « les systèmes d’information soient interopérables », souligne Francis Mergelin, en expliquant qu’il « ne saurait être possible de traiter des masses considérables d’informations sans systèmes experts ». Car la traçabilité est bel et bien devenue le maître mot, avec une obligation de plus en plus forte de reporting. D’où la nécessité également d’instaurer des référentiels et, à terme, une véritable nomenclature capable d’associer des paiements adaptés à chaque acte ou à chaque service.
Autant de critères qui devraient inciter les assurances complémentaires à contracter avec les pharmaciens dans la perspective de jouer un rôle de premier plan dans le système de santé français. Voire à inciter les SISA à une forme de spécialisation. Car « les organismes complémentaires, comme l’assurance-maladie, ont tout intérêt à contracter avec les pharmaciens dans le cadre de missions de services publics, tel que l’amélioration de l’observance et le suivi de patients souffrant de pathologies chroniques », précise le président de la FSPF. Sans oublier la prévention.
Cadre conventionnel.
D’autant que, selon le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO), Gilles Bonnefond, le maillage territorial des officines pharmaceutiques est un atout exceptionnel dont il faut tenir compte dans la perspective d’optimiser le système de santé.
Ces missions devraient voir le jour dans le cadre conventionnel. La prochaine convention pharmaceutique doit, en effet, prévoir la part que ces nouvelles missions représenteront dans la rémunération totale des pharmaciens. Un cadre qui présentera par ailleurs l’avantage, selon, Gilles Bonnefond, d’organiser la transition en « fixant un calendrier qui serait calqué sur la durée de la convention ».
Toutefois, selon Philippe Gaertner, « la rémunération des officinaux demeurera encore majoritairement liée à la dispensation de médicament ». Elle pourrait néanmoins être assise sur la rétribution de services à hauteur de 25 % minimum. Une solution à ne pas négliger à l’heure où de plus en plus de pharmacies sont dans une situation économique particulièrement difficile. À l’instar de ce qui se passe dans les pays francophones limitrophes que sont la Suisse et la Belgique, Gilles Bonnefond propose ainsi d’organiser de véritables entretiens pharmaceutiques. Autant de perspectives qui devraient voir le jour dans le courant de l’année prochaine, lorsque la nouvelle convention sera signée.
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