LES PHARMACIES DISCOUNTS qui cassent les prix font un tort considérable à la profession. Pour faire cesser ces pratiques, c’est très facile, il suffit de se rendre dans ces officines et de regarder si les médicaments sont effectivement vendus par du personnel qualifié sous le contrôle du pharmacien (ce qui ne m’est pas apparu comme une certitude lors de mes précédentes visites dans certaines pharmacies discounts). Si ce n’est pas le cas, il peut y avoir interdiction d’exercice de la pharmacie. À partir du moment où il serait démontré que ces pharmacies ne respectent pas le code de la santé publique, et notamment les articles L.4241-1, L.4241-7, L.4241-11, L.5111-1, L.5125-29, qui précisent que les médicaments doivent être vendus par le pharmacien lui-même, ou par du personnel qualifié, sous le contrôle du pharmacien, on peut considérer qu’il y a infraction au code de la santé publique. Le préparateur en pharmacie ou l’étudiant ayant satisfait aux conditions doit être identifié par un insigne indiquant sa qualité (article L.5125-29). En fait, j’ai remarqué que la plupart de ces pharmacies discounts ne respectent pas ces obligations.
Il est temps que les instances assainissent la profession, comme nous l’avons déjà assaini par le passé, notre groupement, l’Union des grandes pharmacies (UGP) excluant depuis une dizaine d’années les pharmacies qui pratiquent le discount sur le médicament. Certaines de ces pharmacies avaient adhéré chez nous uniquement pour être plus facilement livrées par les laboratoires. C’est une des raisons également pour lesquelles je me suis retiré de l’Association des groupements de pharmacie d’officine, dont j’étais le vice président, car je n’avais aucunes affinités avec les membres de cette association qui pratiquent le discount sur le médicament. Alors qu’ils faisaient semblant de mener des procédures contre la grande distribution (procédures dérisoires qui, là encore, dévaluent la profession car ils ont perdu leur référé contre Leclerc), en fait, ils pratiquaient les mêmes méthodes. En effet, le moyen pour les dirigeants de chaînes de pharmacies discounts de recruter des points de ventes parmi les pharmacies, c’est aussi de laisser croire que, en développant le discount, ils défendent la profession. En réalité, c’est le contraire, puisqu’ils tirent la profession vers le bas. En cassant le prix du médicament, ils cassent la marge de la pharmacie, qui ne peut tenir qu’en augmentant son chiffre d’affaires. Ils cassent également la distribution pharmaceutique dans le quartier puisque les pharmacies situées dans cette zone de chalandise vendent de moins en moins de médicaments conseil et sont de plus en plus dégoûtés par les agissements de ces pharmaciens qui n’ont pour seul objectif que de casser les prix et « oublient » d’exercer leur métier traditionnel de service, compétence, conseil… Malgré leurs dénégations véhémentes et répétées (le conseil en plus !). Cette pratique peut être qualifiée de concurrence déloyale.
Depuis quinze ans, j’ai moi-même visité un certain nombre de corners de parapharmacies d’hypermarché qui vendaient des médicaments en libre-service. Je suis retourné dans l’une de ces parapharmacies avec un huissier muni d’une ordonnance du tribunal afin de constater qu’il y avait vente illégale de médicaments. Nous avons alors découvert que plus de 1 000 médicaments étaient vendus en libre-service. Le tribunal correctionnel m’a permis de faire condamner la grande distribution à plusieurs reprises : en grande Instance, cour d’appel, cassation, et j’ai pu ainsi faire rétablir dans certains cas les règles de loyautés entre la parapharmacie et la pharmacie. À travers ces procès célèbres, j’ai découvert les méthodes employées par nos concurrents les hypermarchés. La connaissance de ces techniques me permet aujourd’hui de conseiller efficacement nos adhérents dans le développement de leur pharmacie face à la concurrence de la grande distribution.
Parasitisme commercial.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un autre système, très menaçant pour la pharmacie, c’est le parasitisme commercial de certaines pharmacies discounts. Quand un consommateur va acheter ses médicaments dans une pharmacie discount et les paye 30 à 40 % moins cher que dans sa propre pharmacie de quartier, il va avoir tendance à penser que son pharmacien de proximité « s’en met plein les poches ». Or il n’en est rien : ce pharmacien qui vend les médicaments donne un conseil, comme il l’a toujours fait, ne charge pas inconsidérément son client qu’il connaît bien et ne pratique pas le remplissage de sac en allant préparer des listes de médicaments remises pour les amis en France ou à l’étranger, voire même pour la revente. Son client est son patient ; il le connaît bien.
Le pharmacien pratique une profession de santé publique, définie dans les textes. Ce pharmacien d’officine traditionnel, qui emploie du personnel qualifié pour la délivrance des médicaments, a, en moyenne, des charges salariale de l’ordre de 10 % du CA hors taxes. Les charges de salaires de la pharmacie discount sont seulement de 6 à 7 %. Bien sûr, quand on se contente de vendre à l’abattage de grosses quantités, ce n’est pas le même coût, ce n’est pas le même métier. C’est diriger une pharmacie avec une démarche de grossiste pour les particuliers. Quant à la grande distribution, les charges de salaire sont de l’ordre de 2 % du CA hors taxes. Ce différentiel montre bien que l’on pratique là trois exercices différents de la pharmacie. Dans le premier cas, les pharmacies exercent une pratique officinale normale de conseil qualifié. Les pharmacies discounts pratiquent une sorte de pseudo libre service, avec conseil ou absence de conseil basé sur la seule vision de la réalisation d’un gros chiffre d’affaires, sans se préoccuper de l’image de la pharmacie puisque seul le prix est mis en avant. Le principe du discount c’est de comprimer ses charges et de fonctionner avec un gros CA, soit une marge de 18 % environ. Cette perte de marge étant alors compensée par l’augmentation du chiffre d’affaires et l’abaissement maximal des charges, notamment au niveau des salaires. Un pharmacien conseil revient plus cher qu’un vendeur. Je pense que les pharmacies discounts l’ont bien compris. La grande distribution l’a bien compris aussi, qui emploie du personnel passif non qualifié. Tout cela évoque pour moi une société qui tire vers le bas.
De toute façon cette pratique du discount est une injustice, car elle ne place pas les pharmaciens dans la même situation et je pense qu’il est temps que l’Ordre et les syndicats mènent une action sérieuse contre ces pharmacies discounts qui ne respectent pas les règles. Si elles étaient contrôlées lors de la vente de médicament par du personnel non qualifié, cela entraînerait des sanctions pour les titulaires et ces ventes cesseraient d’elles-mêmes.
L’Union des grandes pharmacies, à mi-chemin entre le syndicat et le groupement, n’a pas voulu exercer ces contrôles, réservant ses actions en concurrence aux parapharmacies d’hypermarchés qui vendent illégalement le médicament. Le dossier ayant été présenté sur la place publique par notre groupement, il va être, nous l’espérons, pris en considération par les autorités de tutelles, afin de faire cesser cette pratique qui dévalorise la pharmacie traditionnelle. Aujourd’hui, nous considérons qu’il y a un véritable abus de la part des pharmacies discounts qui n’hésitent même pas à faire de la publicité dans la presse grand public. L’impunité ressentie par ces pharmacies discounts les entraîne à tous les excès. L’image de ces officines est déplorable : affichettes fluo, prix cassé, vigiles à gros bras qui ont remplacé le pharmacien et le vendeur qualifié. Je pense qu’il est important de les ramener au respect du code de la santé publique car il est anormal de voir ces pharmacies discounts se prévaloir du monopole pharmaceutique et, dans le même temps, ne pas respecter les règles de la santé publique qui fixent les conditions de distribution du médicament.
Les pharmacies discounts creusent le lit de la grande distribution, facilitent l’arrivée des médicaments en libre-service dans la grande distribution et dégradent l’image de la pharmacie d’officine qui est déconsidérée par les pratiques d’un petit groupe œuvrant en toute illégalité. Cela ne doit plus durer et il est temps de faire cesser cette injustice puisque les pharmacies discount ne veulent rien entendre. Le discount sur le médicament profite à un petit groupe de pharmacies et discrédite l’ensemble de la profession.
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