Le tour de France des URPS

Nord-Pas-de-Calais et Picardie : l’union sera un combat

Publié le 12/11/2015

L’union de la Picardie avec le Nord-Pas-de-Calais semblait logique. Mais elle révèle les disparités entre les deux régions. Le mandat des Unions régionales des professionnels de santé (URPS) de pharmaciens qui s’achève l’a bien démontré. La future assemblée devra s’atteler à inverser la tendance.

« La difficulté a été de construire, car nous sommes partis d’une feuille blanche », rappelle Jean-Marc Lebecque, président de l’URPS de pharmaciens du Nord-Pas-de-Calais, qui ne se représente pas. « Les syndicats ont travaillé ensemble et nous avons appris à collaborer avec l’agence régionale de santé (ARS) et les autres professionnels, comme les médecins qui ont été généreux vis-à-vis de nous », ajoute le pharmacien membre de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).

Pour lui, la maison commune des URPS qui regroupe toutes les professions, située à Lille (Nord), a permis de mutualiser des moyens et de mettre de l’huile dans les rouages. Parmi les actions entreprises, Jean-Marc Lebecque cite la mise en place des ateliers d’éducation thérapeutique du patient, les programmes de dépistage (diabète, cancer colorectal) ou de vaccination, le plan pour les personnes âgées (PAERPA), ou encore la carte de coordination ville/hôpital diffusée à deux millions d’exemplaires.

« On a travaillé de façon œcuménique, aucun n’était vraiment majoritaire », confirme Christophe Bridoux, vice-président sortant de l’URPS, et qui conduit la liste de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) pour les prochaines élections.

Fusion à risque

La création de la nouvelle région ne doit pas changer cet état d’esprit. « Il va falloir combattre le sentiment des Picards d’être avalés par le Nord-Pas-de-Calais, estime Jean-Marc Lebecque. La nouvelle URPS devra prendre en considération des problèmes plus particuliers à la Picardie, comme celui des déserts médicaux. »

Mais ce regroupement des deux régions nordistes ne sera pas simple et la fusion est à risque, entre un Nord-Pas-de-Calais qui abrite 4 millions d’habitants et 1 667 pharmaciens, et une Picardie qui compte moins de 2 millions d’habitants et moitié moins de pharmaciens. D’autant que les têtes de liste des différents syndicats sont issues de la région Nord-Pas-de-Calais. Le candidat de l’UNPF, Christophe Bridoux, est installé à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais) ; Sophie Sergent, qui mène la liste de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), exerce à Liévin (Pas-de-Calais) ; Grégory Tempremant, premier sur la liste de l’USPO, est pour sa part titulaire à Comines (Nord), ville située à la frontière avec la Belgique.

Des projets pour l’URPS

À un peu plus de deux semaines du scrutin, les trois candidats peaufinent leurs arguments de campagne. Christophe Bridoux entend ainsi promouvoir l’inter-professionnalité et rapprocher l’URPS de chaque officinal. Il compte sur l’URPS pour accompagner les évolutions du métier de pharmacien prévues par la loi Hôpital, patient, santé et territoires (HPST) qui a défini tout ce que l’officinal peut réaliser dans le suivi thérapeutique et le parcours de soins du patient.

Administratrice sortante, Sophie Sergent se fixe comme priorité « la reconnaissance du pharmacien acteur de soins dans le parcours du patient, en particulier à la sortie d’hôpital ». Elle a adressé des questionnaires à ses confrères pour les sensibiliser aux élections, à l’utilité des URPS, et leur demander leurs attentes. La représentante de la FSPF veut impliquer davantage les étudiants en « intégrant la fac dans les soirées de travail ». « Les étudiants sont nés avec la loi HPST, ils nous poussent à aller plus loin, il faut travailler pour eux », explique-t-elle.

De son côté, Grégory Tempremant mise sur l’information et la communication. « Les URPS sont encore récentes, mal connues, et les actions déjà menées étaient localisées. Elles doivent être étendues, comme l’accompagnement à l’allaitement, par exemple », indique-t-il. La tête de liste USPO souhaite également que la nouvelle URPS participe au Projet régional de santé et « s’empare de la télémédecine, notamment pour le suivi des malades chroniques. On est reconnus comme rassembleur, on a trouvé la méthodologie, maintenant il faut intéresser tous les professionnels de ville ».

Jacques Gravend