À Nice, moins de douze heures après l'attaque sur la Promenade des Anglais où un camion, dans sa course meurtrière de deux kilomètres, a écrasé au moins 84 personnes et blessé plusieurs dizaines d’autres, les pharmaciens niçois ont ouvert leurs portes, normalement, prêts à accueillir des patients en état de choc.
C'est sur une ville sonnée par l'horreur qu'elle venait de vivre que les officines niçoises ont ouvert leur rideau ce matin. Aucune pharmacie n'est située sur le parcours du massacre qu'a opéré l'homme de 31 ans au volant d'un poids lourd de 19 tonnes. La dernière pharmacie en front de mer a été transférée il y a quelques années. Aux deux extrémités de la Promenade des Anglais, à la pharmacie de la Côte d'Azur comme à l'officine située à l'Ouest, près de l'aéroport, la vie a repris son cours « normalement ».
Le Plan blanc mis en place pour venir en aide aux victimes avait déjà été levé ce matin. Et la profession n'a pas été réquisitionnée, ni interpellée par les pouvoirs publics, comme le déclare Jean-Marie Soyer, président de la chambre syndicale des pharmaciens des Alpes-Maritimes, lui-même titulaire à Nice. Pour l'heure, le syndicat ne dispose pas d'informations sur la présence de pharmaciens ou de préparateurs parmi les victimes ou les blessés. Jean-Marie Soyer a en revanche reçu l'appel de confrères lui demandant les coordonnées de la cellule psychologique mise en place au Centre universitaire méditerranéen.
Car le premier secours est aujourd'hui d'ordre psychologique, estiment les pharmaciens de la ville et tout particulièrement ceux situés à proximité de la Promenade des Anglais. « Tout le monde connaît quelqu'un qui a été touché », lâche pudiquement l'un d'eux tandis que Philippe Serfaty, titulaire dans la rue Masséna, constate « malheureusement, beaucoup de personnes n'ont pas survécu, il y a eu beaucoup de morts, et pour la majorité des survivants, le traumatisme sera avant tout d'ordre psychologique ».
« La vraie réponse est l'aide psychologique, pas le médicament qui ne consisterait qu'à mettre un couvercle sur une cocotte-minute », pense le titulaire de la pharmacie de Magnan qui aurait dû lui-même, comme chaque année, assister au feu d'artifice. Situé dans l'avenue de la Californie, parallèle à la Promenade des Anglais, il avait finalement choisi une autre option pour sa soirée d'hier.
Comme leurs confrères parisiens aux lendemains des attentats du 13 novembre, les pharmaciens niçois s'apprêtent à jouer leur rôle de professionnels de santé, notamment dans l'accueil de leurs patients traumatisés par les événements. « Nos confrères sont capables de jouer ce rôle d'écoute et d'orienter leurs patients », assure Jean-Marie Soyer.
Un rôle qui leur reviendra sans doute dans les prochains jours. Car en ce début de journée, dans la ville accablée par la douleur, l'activité demeure calme. Comme le constate le titulaire de la pharmacie de Rivoli, juste en bas du Negresco, « quelques touristes passent chercher des crèmes solaires, mais les habitants eux, ne sortent pas. Ils ont peur. »
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