Qui imagine que la « Ritaline » soit dédiée à l’épouse d’un chimiste, Marguerite - Rita dans l’intimité - ? Cette histoire commence au début du XXe siècle, lorsque l’on nota que les pipéridines utilisées comme diurétiques manifestaient de singulières propriétés stimulantes. S’étant investi dans ce groupe de médicaments, un chimiste du laboratoire suisse Ciba (Chemische Industrie Basel) - depuis intégré au groupe Novartis -, Max Hartmann (1884-1952), synthétisa en 1924 un puissant analeptique, la nicéthamide (commercialisée en France jusqu’en 2013 sous la dénomination de Coramine-Glucose, indiquée dans l’asthénie et le mal des montagnes). Hartmann publia avec son collègue Werner Bosshard en 1941 un article sur ce composé qui redynamisa l’intérêt porté à cette famille : c’est dans ce contexte qu’un autre chimiste de Ciba, Leandro Panizzon (1907-2003), obtint en 1944 une pipéridine désormais connue comme méthylphénidate (MPH).
Le couple Panizzon eut rapidement recours à cette molécule « miracle » dont les effets stimulants convenaient à Rita, qui en prenait volontiers avant ses parties de tennis. Panizzon et Hartmann améliorèrent la synthèse du MPH qu’ils brevetèrent aux États-Unis en 1950. Cette molécule allait connaître un étonnant succès. En 1954, au terme d’études pharmacologiques conduites par R. Meier, F. Gross et J. Tripod, Ciba déposa un brevet pour l’utilisation du MPH comme médicament indiqué dans des troubles psychologiques divers, sous le nom de… « Ritalin ». Agréé par la FDA en 1955, il fut introduit aux États-Unis dès 1956. Le laboratoire le promut comme une « pep-pill », une « punch-pilule » plus puissante que la caféine mais moins addictive que la benzédrine, amphétamine alors largement plébiscitée. Le MPH fut initialement prescrit pour traiter la dépression, la fatigue chronique, la léthargie et la narcolepsie, la « sénilité », mais également pour contrer les effets des psychotropes sédatifs (il fut administré en IV dans les années soixante pour traiter l’intoxication aiguë par barbituriques) ou comme « coupe-faim ». Des publicités présentaient alors une ménagère accablée devant une montagne de pommes de terre à éplucher, puis, après prescription de MPH, la même, réjouie devant ses pommes de terre épluchées… Cette pilule miracle était même proposée au sujet sain « qui voulait être pleinement performant au lendemain d’une nuit blanche passée à réfléchir » ! Un temps, le MPH fut d’ailleurs associé à des hormones, des vitamines et du calcium dans le Ritonic, mis sur le marché en 1958 et indiqué pour lutter contre l’asthénie liée à l’âge.
Substitut à la benzédrine
À partir de 1959, sous l’influence notamment de pédopsychiatres tels George J. Lytton (1915-2004) et Mauricio Knobel (1923-2008) le jugeant plus maniable que la benzédrine qui faisait référence depuis les années trente, le MPH fut progressivement prescrit aux États-Unis pour traiter le syndrome hyperkinétique de l’enfant - connu depuis comme TDAH. Son usage dans cette indication ne cessa de croître dans les années soixante-dix, 80 et 90 : aujourd’hui encore, les EU consomment à eux seuls 85 % de la production mondiale de ce stimulant dont l’usage ne cesse de faire polémique…
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