Le paradoxe du duel

Mort et vif

Publié le 21/02/2010

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VOUS AVEZ VU la scène cent fois. Deux cow-boys face à face, à dix pas l’un de l’autre. Les deux regards qui se croisent, leur main survolant la crosse des revolvers, et le temps suspendu dans une interminable attente. « Pan ! Pan ! » font les armes, et le corps du perdant roule dans la poussière. C’est à cette double détonation que se sont intéressés les chercheurs de la Royal Society de Birmingham. L’équipe du Pr Welchman a ainsi réalisé une série de simulations de duels et mesuré le délai de l’« action/réaction » contenue dans l’échange de tirs. Des travaux qui, au passage, éclairent utilement l’analyse du comportement des malades atteints de la maladie de Parkinson. Dégainer en premier prendrait plus de temps que dégainer en réaction à son adversaire, conclut l’étude publiée dans le journal de la Royal Society. Un résultat qui n’a que l’apparence du paradoxe. Explication. Si le fait d’initier le duel – tirer en premier – prend en moyenne 21 millièmes de seconde de plus que dégainer en réaction à l’autre tireur, c’est quand même le premier cow-boy qui aura le dernier mot… Vous m’avez compris ? Non ? Alors je recommence : le tireur « A » décide de dégainer le premier. Le tireur « B » le voit et sort également son arme. « A » tire bien le premier, mais son geste aura pris plus de temps – du début de l’action à sa fin – que celui du tireur « B ». Là où l’affaire se complique, c’est que les « experts es western » ont démontré qu’il fallait au cerveau du tireur « B » quelque 200 millièmes de seconde pour enregistrer le fait que l’adversaire porte la main à son étui de revolver… 21 millièmes de seconde de gagnés sur le geste, 200 de perdus sur son déclenchement. Le compte n’y est pas. Mais son compte est bon.

› DIDIER DOUKHAN