JEUNE PHARMACIENNE rêve encore d’idéal. À l’heure actuelle où l’on ne parle plus que d’économie, de bénéfice, où la concurrence nous oppresse et la crise terrorise, j’ai envie de vous dire que l’argent prend trop de place. Je vais vous raconter mon expérience de cet été, celle où j’ai rencontré un couple de « gérants » d’une entreprise : leur officine, ou plutôt « machine à fric ». Les mots sont durs mais écoutez plutôt mon histoire. Elle, nous a accueillis le premier jour, nous, un groupe de sept jeunes saisonniers, main d’œuvre bon marché. Elle nous a prodigué des conseils pour vendre, vendre mais aussi vendre et encore vendre. Son discours : faire le plus vite possible, ne pas imprimer derrière les ordonnances (quelle perte de temps !), essayer de « refiler » au moins trois produits lors d’un conseil, « les petits modèles de Biafine ou autre n’existent pas » et « si vous osez conseiller du vigneté, vous allez vous faire taper sur les doigts ! ». Elle n’hésitait pas à nous dire qu’il fallait voir les gens comme des porte-monnaie. Mais le pire de tout fut son irrespect pour nous. Elle n’hésitait pas à nous crier dessus comme si nous étions ses animaux de compagnie désobéissant à ses ordres. Lui, était dans son bureau à regarder les chiffres (ou peut-être autre chose....) et parfois Morphée l’emmenait encore plus loin de nous. Il lui arrivait de sortir de sa tanière pour nous « aider » à servir lorsque la situation était critique, mais là on pouvait se rendre compte qu’il ne connaissait pas grand-chose à son métier.
Le tableau peut vous paraître exagéré mais il ne l’est pas. Malgré tout, je sais que c’est un cas isolé (du moins je l’espère) et j’ai encore envie de croire en nos valeurs de pharmacien, première épaule de soutient aux patients et non pas seulement un tiroir-caisse. Bien sûr l’argent nous fait vivre et dire que je n’en veux pas serait hypocrite, mais le respect d’autrui n’est-il pas la plus belle chose que l’on ait à gagner. Par là, j’ai envie de rendre hommage à mon père, le meilleur exemple que j’ai eu. J’ai grandi au dessus d’une petite pharmacie, à la campagne. De ma chambre, je pouvais entendre les éclats de rire des patients. Beaucoup de personnes venaient sonner aux heures des repas ou de la nuit. Mon père les acceuillait toujours avec le sourire, toujours prêt à rendre service et à écouter. Il lisait toutes les revues et était toujours à jour de ses connaissances. Il avait toujours le mot qu’il faut pour ses clients. Mes parents sont partis de presque rien mais ont gagné dur leur vie. Mon père était toujours présent à la pharmacie, il ne faisait pas travailler les autres à sa place, mais avec lui. Il est resté quelqu’un de simple et accessible, semblant être apprécié de tous. J’espère devenir un pharmacien aussi respectueux que lui, ne pas finir avec un patron qui ne cherche que profit et tout simplement ne pas échouer en grande surface. Je ne veux pas passer ma vie à élaborer des stratégies de marketing mais plutôt à faire mon métier de pharmacien, spécialiste du médicament. Comme le disait l’un de mes anciens collègues, je suis encore un agneau mais j’espère le rester le plus longtemps possible au milieu des loups.
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