S’agira-t-il d’un remake de la formidable mobilisation du 30 septembre 2014 contre la loi Macron ? L’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO), la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies, Federgy, l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO) espèrent en tout cas que les pharmaciens suivront massivement leurs appels à la grève. Quant à l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), elle dit ne pas avoir encore pris sa décision.
Le 26 janvier est déclaré journée d’action générale : les officinaux, qui devront occulter leur vitrine de papier crépon, sont invités à manifester devant les préfectures, les caisses d’assurance-maladie et les ARS. Au-delà de cette journée, un mouvement de grève des gardes est prévu du 23 au 29 janvier. Déjà, aux dires de l’USPO, six régions sont en ordre de marche.
Bras de fer
Sous le slogan « Nous voulons rester une pharmacie de proximité », ces différentes organisations entendent tout autant alerter le grand public qu’adresser un message fort aux pouvoirs publics. En tout état de cause, ce sera la démonstration de force d’une profession capable de se mobiliser.
Selon ces organisations, la profession est aujourd'hui menacée par la dérégulation transpirant du projet d’ordonnance relative au réseau (voir également ci-dessous), ainsi que par une baisse de sa rémunération*. « Les promesses ne suffisent plus. La lettre de cadrage de Marisol Touraine à Nicolas Revel, directeur général de l’assurance-maladie, fixant les orientations pour la prochaine négociation conventionnelle et notamment une enveloppe pluriannuelle, aurait dû arriver fin novembre », s’impatiente Gilles Bonnefond, président de l’USPO, soupçonnant les services de l'État de rechigner à transcrire les volontés de la ministre. Il affirme que la profession est mûre pour une réforme et qu’elle en a les ambitions. « Il faut que les pouvoirs publics cessent de considérer la pharmacie comme un coût et non comme un service d’accompagnement du patient », lance de son côté Christian Grenier, président de Federgy.
Les représentations professionnelles ont du mal à ravaler leur colère. « Les infirmières ont obtenu gain de cause rapidement. Les médecins, une enveloppe d’un million en moins d’un mois, tandis que nous, les pharmaciens, sommes depuis plus de trois mois dans l’attente de l’écriture d’une lettre », tempête Lucien Bennatan, président de PHR Group et vice-président de Federgy.
Le temps presse
Or, pour être en position de force au moment des négociations, les représentants de la profession veulent connaître la teneur de cette fameuse lettre de cadrage. Question de visibilité, et donc de stratégie. Car ils affirment ne pas pouvoir se payer le luxe d’une négociation bâclée sur un coin de table parce qu’ils auront été pris de court. C’est que le temps presse, calendrier électoral oblige. « Plus le temps passe et plus la parole de la ministre s’affaiblit », constate Gilles Bonnefond. Il craint que les négociations ne connaissent pas d’issue avant la mi-avril, soit à moins de deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle.
C’est dire si la profession se sent acculée à agir dans l’urgence. « Si nous ne bougeons pas aujourd’hui en montrant nos muscles, il y a peu de chance pour que les choses évoluent dans le bon sens », croit Laurent Filoche, président de l’UDGPO, qui exhorte les syndicats à l’unité.
Mais pour l'heure, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) ne semble pas prête à rejoindre le mouvement. Le bureau national du syndicat doit se réunir demain et son conseil d'administration mercredi pour prendre une décision. Quoi qu'il en soit, « à ce stade, on a autant d’intérêts que de risques à la mobilisation, confie au « Quotidien » le président de la FSPF, Philippe Gaertner. Le risque aujourd’hui est de retarder le départ des négociations conventionnelles ». D'autant que, selon lui, la lettre de cadrage a été envoyée au début de la semaine dernière à Nicolas Revel qui l’a donc désormais entre les mains.
La FSPF vigilante
Toutefois, la FSPF reste vigilante. « Si les orientations du conseil de l’UNCAM**, qui seront annoncées à la fin du mois, et si la première réunion de négociation prévue le 22 février, n'ouvrent pas de perspectives, nous ne nous interdisons pas d’envisager des actions », affirme Philippe Gaertner. Mais aujourd'hui, « ce n’est pas l’épreuve de force qui est la meilleure manière de faire avancer le débat », indique-t-il. Le président de la FSPF veut lui aussi de connaître le contenu de la lettre adressée par Marisol Touraine au directeur général de l'assurance-maladie. Pour lui, cette lettre devrait préciser les axes de la négociation privilégiés par la ministre de la Santé. En revanche, il n'attend pas de valorisation chiffrée, ces lettres n'en contenant jamais, selon lui. « Ce qui est important pour nous, c’est que cette lettre parle de l’évolution du mode de rémunération de la pharmacie d’officine, explique le président de la FSPF. Qu'elle précise qu’il faut continuer à détacher la rémunération de l’officine de la valorisation du prix industriel du médicament. Mais aussi qu’il faut trouver des solutions pour compenser les décisions concernant les prix industriels qui impactent notre réseau. Nous serons aussi attachés à la vision du métier. »
Si l'ensemble des organisations semblent en phase sur le constat, elles n'ont pas encore trouvé d'accord sur les modalités d'action.
* - 3,34 % entre 2014 et 2016 selon l'USPO.
** Union nationale des caisses d'assurance-maladie.
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