Novembre 2017, le monde de la santé découvre Michel Gabas. Ce pharmacien, maire d’une commune rurale de 4 000 habitants en pays d’Armagnac, adresse une lettre ouverte au Premier ministre. Il y fustige un système de santé qui limite l’accès au soin d’une partie de ses citoyens et avance ses idées pour combattre les déserts médicaux*.
Il faut dire qu’à l’époque, il y a urgence. Les 7 généralistes d’Eauze ne sont plus que 2. Désemparé, Michel Gabas fait appel à des chasseurs de têtes coûteux… Il réussira à recruter deux généralistes, un kiné et un ophtalmo, tous espagnols. Le deal : 5 ans de loyer offerts dans le centre médical communal + un an de loyer personnel. « Moi qui suis un libéral, avoue-t-il, j’en suis venu à avaler ces couleuvres… Mais je suis un pragmatique… Il est scandaleux que l’état nous laisse face à des telles situations. »
Le plaisir de l’exercice rural
Premier de sa famille à décrocher le bac et faire des études supérieures, Michel Gabas a choisi pharmacie pour « la blouse blanche, la chimie, un métier varié et proche des gens ». Diplômé en 1998 à Toulouse, ce Tarbais fait des remplacements, le temps de trouver une officine abordable. En 1995, il achète à Eauze. « Je pensais rester quelques années et repartir en ville. J’y suis toujours ! Pourquoi ? Le plaisir de l’exercice rural, des patients respectueux et des professionnels de santé qui n’ont pas attendu les CPTS pour travailler ensemble. »
Il entre en politique en 2008, décroche le siège de conseiller départemental contre un UMP (son parti) et un PS, puis la mairie d’Eauze : « À partir de là, je me suis organisé, explique-t-il. Moi qui étais un pharmacien « à la papa » touchant à tout, j’ai appris à déléguer, en mairie, comme à l’officine. » D’autant qu’il devient aussi président de la commission des finances du conseil départemental.
« Le métier de maire est prenant et passionnant, on entre dans le concret des gens, et dans notre société où le pouvoir est de plus en plus éloigné du citoyen, c’est très important. » Aujourd’hui candidat à un troisième mandat, il précise : « Ce sera le dernier, la politique doit être une parenthèse dans la vie. »
Dans sa campagne, la santé occupe une place majeure : « Même avec de nouveaux médecins, il reste encore des concitoyens non soignés. Parce que nos gouvernants n’ont pas été capables d’anticiper la situation, nous allons vers une médecine robotisée (téléconsultation) et aseptisée ! Alors que son fondement c’est la relation patient-soignant. »
Franc parler
Michel Gabas revendique toujours un numerus clausus d’installation pour les médecins, regrette l’immobilisme de l’Ordre et des syndicats médicaux sacrifiant la santé publique à leur liberté d’installation. Quant à la pharmacie, s’il apprécie des nouvelles missions (vaccination, prescriptions, TROD), d’autres lui semblent chronophages (PDA) voire des « usines à gaz » comme les bilans de médication : « Je ne comprends pas pourquoi les syndicats ont accepté ça ! »
On le voit, Michel Gabas est toujours aussi prompt à mettre son franc-parler au service de l’officine et de la santé publique. Il souhaite même aller plus loin : « Si je suis réélu, j’aimerais rejoindre la commission nationale santé de l’association des maires de France. Il est important que des pharmaciens s’engagent ! »
* Augmentation du numerus clausus, diminution de la durée des études pour médecins et pharmaciens, numerus clausus d’installation des médecins pour assurer un maillage territorial, fin des 35 heures à l’hôpital, bonus/malus des honoraires médicaux selon la région, suppression des ARS au profit des départements, élargissement des compétences de prescription des infirmiers…
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