Le Réseau santé environnement (RES) et l’association Générations futures exigent du gouvernement des actions fortes contre le perchloroéthylène qui nuit dans l’ombre à la santé de milliers de Français.
CLASSÉ COMME probablement cancérogène par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) le perchloroéthylène (ou tétrachloroéthylène) est principalement utilisé au sein des pressings dans le nettoyage à sec de tissus. Il sert aussi à dégraisser les pièces métalliques dans l’industrie automobile et est également présent dans certains solvants pour la peinture ou pour enlever des taches. « Le perchloroéthylène est toxique pour les travailleurs, pour les riverains et pour la population en général », tient une nouvelle fois à rappeler le RES. Ce produit peut être absorbé par inhalation, par voie orale ou par la peau (quand il est sous forme liquide). L’exposition au perchloroéthylène est susceptible de causer une irritation des voies respiratoires ou des yeux, des vertiges, nausées, maux de tête, pertes de mémoire ou une somnolence. « Cela peut aller jusqu’à la perte de connaissance et la mort », précise le réseau. Le RES vient d’ailleurs de se constituer partie civile dans le cadre d’une procédure pénale instruite pour homicide involontaire contre le gérant d’un pressing du centre-ville de Nice suite au décès fin 2009 de José-Anne Bernard. Cette Niçoise septuagénaire habitait depuis 35 ans un appartement au-dessous duquel s’était récemment installé un pressing. En l’espace de deux ans la santé de Mme Bernard décline jusqu’à son décès des suites d’une arythmie cardiaque. Une autopsie menée sur cette dernière révèle la présence de perchloroéthylène dans tous ses organes sauf l’estomac. Deux expertises médicales concluent par la suite à un lien de cause à effet entre la présence de perchloroéthylène dans son corps et le décès. « En deux ans, on a gazé ma maman. Aujourd’hui, je suis là pour tirer la sonnette d’alarme », déclare son fils Frédéric Bernard, qui attend beaucoup de la justice dans cette affaire emblématique.
L’odeur du perchlo.
« Cette situation n’est pas isolée. Il y a d’autres victimes qui suite à des effets neurologiques ont pu faire le rapprochement entre leur intoxication et l’exposition au perchloroéthylène. Et puis il y a toutes les victimes qui ne se rendent même pas compte qu’elles ont été contaminées par le perchloroéthylène », souligne André Cicolella, porte-parole du RES. « Quand on ressent l’odeur du perchlo, on est à 16 000 µg/m3 », ajoute M. Cicolella. Autant dire une concentration importante du produit dont la valeur seuil fixée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’élève à 250 µg/m3 pour une exposition par inhalation. Le 10 février dernier, l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a établi une nouvelle norme bien inférieure à celle de l’OMS, limitée à 40 µg/m3. « À titre de comparaison l’exposition des riverains est de l’ordre de 2 000 µg/m3, voire plus dans certains cas », indique le RES. C’est souvent après la réalisation d’analyses de sang complétée éventuellement par des analyses de l’air que les victimes prennent conscience de la présence de perchloroéthylène dans leur environnement. L’une d’entre elles, Thierry Drouin, a d’ailleurs créé l’Association de défense des victimes d’émanation de perchloroéthylène des pressings (ADVEPP).
« Il est urgent de faire cesser ce scandale sanitaire. Il est inacceptable qu’une telle substance continue d’être utilisée alors même que des alternatives existent », alerte le réseau qui demande au gouvernement d’« agir au plus vite en interdisant le perchloroéthylène dans les nouvelles installations de nettoyage à sec au lieu de croire à un usage contrôlé ». À ce jour, seuls le Danemark (depuis 2003) et les États-Unis (depuis 2006) ne permettent plus l’installation de nouveaux pressings qui souhaitent utiliser ce produit économiquement très rentable. À court terme, « nous demandons que la valeur limite d’exposition dans l’air du perchlo soit descendue à la nouvelle valeur calculée aux États-Unis », ajoute François Veillerette, porte-parole de Générations futures. « On a demandé un rendez-vous au ministère de l’Écologie pour obtenir des engagements du gouvernement en matière de substitution du perchloroétylène dans les pressings. À défaut de réponse satisfaisante, nous examinerions la possibilité d’engager une action pour carence fautive de l’état devant les juridictions administratives », ajoute-t-il.
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