« AVEC un grand-père passionné de botanique, j’ai été tout de suite à bonne école : promenade en montagne, réalisation d’herbier, bref, j’ai reçu une éducation très verte ! » À deux pas du Vieux Port de Marseille, l’herboristerie du Père Blaize n’a guère changé, histoire de préserver la continuité. Avec ses ascendants passionnés de phytothérapie, Martine ne s’est pas posé de questions, elle a tout de suite souhaité opter pour un cursus lui permettant de prendre la suite. Chez les Blaize, on a le sens de l’anticipation. Foin de la suppression du diplôme d’herboriste, en 1941, par le maréchal Pétain. Depuis trois générations les Blaize sont d’authentiques pharmaciens : « Qui mieux qu’un pharmacien d’officine peut conseiller et délivrer des plantes ? Aujourd’hui, la vigilance doit être de mise : sous prétexte que c’est naturel, les gens pensent que ça ne fait pas de mal et qu’ils peuvent exagérer sur les doses. Le pharmacien est le mieux placé pour les recadrer. » Mais, si elle ne craint pas la concurrence des magasins bio dont elle déplore le manque de compétences, elle se réjouit en revanche de l’intérêt pour sa spécialité : « Beaucoup de jeunes médecins soignent par les plantes : ils sont contents de donner à leurs patients autre chose que de l’allopathie. » Martine Bonnabel-Blaize insiste sur la complémentarité, indéniable, entre les deux mondes, même si ses patients ne viennent pas chez elle pour une grosse ordonnance : « Ils viennent pour le complément, nous faisons 80 % de phytothérapie et 20 % d’allopathie. »
Demandes saisonnières.
Ici, les choses ont peu changé en deux siècles, malgré quelques agrandissements. L’herboristerie est restée dans son jus depuis 1815, et on y retrouve certaines problématiques : mauvaise digestion, douleurs, vésicule paresseuse, circulation du sang défectueuse, ballonnements… « Nous soignons les petits bobos du quotidien, récurrents quel que soit le type d’officine. »
Une dizaine d’huiles essentielles reviennent en permanence, telle la lavande, préventive contre les poux et insectifuge. « Nous avons des demandes en ce moment concernant l’arbre à thé, antifongique : les gens reviennent parfois avec des mycoses aux pieds l’été, il constitue une bonne alternative au traitement médical, et il est souvent prescrit par les dermatologues. L’eucalyptus est aussi plébiscité en prévision des premiers froids, quelques gouttes sur un mouchoir ou en diffusion dans un appartement. »
Clientèle rajeunie.
Forte de son expérience, Martine Bonnabel-Blaize observe une nette évolution dans la typologie de sa clientèle : « Elle s’est beaucoup rajeunie. Aujourd’hui, je suis en contact avec la jeune femme active, qui veut soigner sa famille autrement, et souhaite faire de la prévention pour garder la santé. » Aussi a-t-elle décidé de développer le conseil thérapeutique : les clients sont contents de voir des pharmaciens percutants au niveau phyto et demandent de nombreux conseils par mail. « Ils sont perdus car ils surfent sur des sites Internet de plantes pas sérieux. D’où l’importance pour le pharmacien de maintenir son savoir en la matière. »
Martine Bonnabel Blaize a donc réuni autour d’elle une équipe très pointue en conseil : une pharmacienne qui s’occupe d’aromathérapie, une autre qui est concentrée sur le secteur homéopathie-allopathie et deux préparateurs : « Aujourd’hui, en officine, les gens se laissent plus aller aux confidences, ils sont en attente d’une approche plus intime de leurs problèmes concernant l’hygiène de vie, le bien-être, et les règles diététiques. » Comment Martine Bonnabel-Blaize voit l’avenir de la phytothérapie ? « Magnifique, car le futur de la médecine est encore et toujours dans les plantes, la flore médicale a d’infinies ressources. J’aurais adoré être ethnobotaniste, faire des recherches et, qui sait, trouver de nouveaux remèdes ? » A bon entendeur…
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