LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quelle forme pourrait prendre la future rémunération du pharmacien ?
FRANCIS MÉGERLIN.- La boîte à outil est très complète (marge, honoraire, forfait, capitation, modèles mixés) et les systèmes d’information rendent les combinaisons réalistes. Le problème porte donc plutôt sur le degré de consensus parmi les professionnels, selon l’entité rémunérée, l’impact sur la structure du chiffre d’affaires et la ventilation des coûts. Mais que le payeur soit l’assurance maladie, les complémentaires ou d’autres, il ne devrait pas y avoir de nouvelles rémunérations sans développement de cahiers des charges technique et clinique clairs, ni évaluation rigoureuse : la preuve d’efficience sociosanitaire, voire d’économies certaines (risques et coûts évités) s’impose. Il faut aussi trouver une méthode de pricing adaptée. Enfin, les pharmaciens seront en concurrence avec d’autres acteurs sur les missions qui ne relèvent pas du monopole (éducation thérapeutique, préparation des piluliers, suivi de l’observance, etc.).
Quels sont les freins à l'évolution de la rémunération ?
Jusqu’à présent, c’était essentiellement la profession. Heureusement les esprits changent. Mais le débat demeure encore assez invertébré, alors que la preuve est attendue, dans un délai pressant, et à budget contraint. L’opportunité est collective et vitale. Mais les situations des pharmacies sont diverses et les vocations des pharmaciens hétérogènes. Certains craignent l’évaluation de leurs actes, d’autres de nouvelles formes de concurrence par les services à la personne. Le service consomme du temps, l’acquisition de la compétence a un coût. L’offre de formation (initiale et continue) doit s’adapter, tout comme les structures d’exploitation. Enfin, il faut parfois la permission légale de contracter avec l’assurance maladie sur des services nouveaux. Mais il existe un potentiel remarquable de service pharmaceutique en France.
Qu’en est-il de la rémunération en Europe ? La profession connaît-elle ce besoin de faire évoluer la rémunération ?
En Europe, les configurations nationales sont très diverses (monopole total ou partiel, capital ouvert ou non, maillage plus ou moins serré, diversité des modes d’assurance maladie), même si les défis démo-épidémiologiques et économiques sont largement communs. Il y a de grands principes et de bonnes méthodes, mais pas de prêt-à-penser. La Belgique développe actuellement des projets simples, pratiques et très intéressants : d’une part, sanctuariser le revenu du pharmacien en restructurant la rémunération à la boîte, selon un budget constant indexé. D’autre part, développer des services cliniques complémentaires qui feront l’objet d’une évaluation et rémunération distinctes, non nécessairement liés à une vente.
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