Dans le Pas-de-Calais

Maison de santé : les secrets d'une ouverture

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Publié le 21/06/2018
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Un pharmacien de Lens et sa femme, orthophoniste, vont ouvrir une maison médicale pluridisciplinaire pour offrir un suivi global aux patients.
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Crédit photo : J Gravend

Le Médi-Pôle de Lens (Pas-de-Calais) ouvrira début septembre, route d'Arras. Avec deux médecins généralistes, deux kinésithérapeutes, deux infirmières, une ergothérapeute, une psychologue, une diététicienne, et cinq orthophonistes (soit trois équivalents temps plein), cette structure résulte de la volonté et de l'investissement de Claire Dehay, orthophoniste, et de son mari, Guillaume Dehay, pharmacien dans le bâtiment mitoyen. Début juin, les baux de location professionnels étaient signés, on faisait les dernières peintures intérieures, les revêtements de sol.

« Tout a commencé quand le bâtiment jouxtant la pharmacie, un salon de coiffure, s'est trouvé à vendre. On a un peu été obligés de l'acheter », explique Guillaume Dehay. « Mais cela correspondait surtout à une forte volonté de travailler ensemble, en pluridisciplinarité, poursuit Claire Dehay. Je travaille depuis vingt ans en ville, mais nous avons monté une équipe avec cinq orthophonistes, une psychologue, une diététicienne, des infirmiers. On travaillait déjà ensemble depuis un an et demi, mais par téléphone. Notre volonté était de nous regrouper puisque nous avons les mêmes patients. »

« On ne cherchait pas des médecins à tout prix, reprend Guillaume Dehay. Il y a un besoin sur Lens et des gens de notre quartier vont se faire soigner sur Arras (à une vingtaine de kilomètres), mais je m'étais cependant donné un an pour trouver des médecins. Nous les avons trouvés plus vite, parce que les deux jeunes femmes qui nous ont rejoints ont fait leurs études ensemble, ont de la famille sur Lens, et cherchaient à travailler ensemble. Notre projet est venu pour elles comme un cadeau de Noël ! »

Une offre globale évolutive

Dans ce quartier populaire et un peu excentré de Lens, le futur Médi-Pôle s'étend sur 400 m2, en trois niveaux, la moitié correspondant à des dégagements, passages et salles d'attente. On trouve deux cabinets de médecins au rez-de-chaussée, un cabinet de médecin et un cabinet de kiné, avec plateau, au premier étage, et trois cabinets pour les orthophonistes au second étage. La plupart des cabinets sont partagés. La pharmacie voisine s'étend sur 250 m2.

« Il y avait un besoin de santé, de médecins mais aussi de paramédicaux, et nos clients nous le disent tous les jours, explique le pharmacien. Nous avons pris le risque d'investir pour répondre à cette offre globale, qui reste d'ailleurs évolutive : les deux médecins, qui s'intéressent en particulier aux enfants, veulent s'adjoindre une collaboratrice, peut-être ensuite un troisième médecin»

Début juillet, les époux Dehay ont rendez-vous à l'agence régionale de santé (ARS) pour envisager la reconnaissance du Médi-Pôle comme maison de santé pluridisciplinaire (MSP), le quartier étant déjà considéré comme défavorisé. Une reconnaissance qui renforcerait la volonté commune de travail en commun.

Changement d'esprit

« Un patient qui est adressé par un médecin, précise Claire Dehay, selon sa pathologie, selon ses retards, peut avoir besoin d'une orthophoniste, d'une psychologue, d'une diététicienne. Il est important pour sa prise en charge de pouvoir tout proposer au même endroit. » Claire Dehay assurera la coordination entre les professionnels, et prévoit aussi de faire appel à des professionnels extérieurs pour compléter la prise en charge.

Ne pas voir « que des ordonnances » quand ils reçoivent un patient, c'est le vœu de ces professionnels qui veulent travailler ensemble, proposer au patient un suivi global. Ils ont déjà tous prévu de mettre leurs archives en commun, et attendent aussi de l'ARS des propositions en matière de lien informatique, y compris avec les institutions extérieures, comme le centre hospitalier. « C'est un groupe qui avance, reprend le confrère. Nous avons trouvé des médecins sur un projet. » Un projet auquel il entend bien participer : dès septembre commenceront à l'officine les bilans de médication. Ils prévoient aussi, ensemble, des actions de prévention : « Ensemble ! Ça change d'esprit. »

Jacques Gravend

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3446