J’éprouve pour tous les métiers le plus profond respect. À ce jugement général, j’apporterai une nuance pour les caissières de supermarché. Elles ont droit à tous les égards, mais je les crois enclines à la cyclothymie. Elles peuvent être bavardes comme des pies ou silencieuses comme les aspirateurs nouvelle génération, d’une amabilité extravertie ou au contraire d’une froideur d’iceberg, concentrées ou lancées dans un verbiage interminable qui les éloigne de leur tâche. Elles ont des codes : vous devez leur dire bonjour avant toute chose, ce qui est bien naturel, mais n’oubliez pas la règle ; il faut aussi prouver que vous n’avez pas caché un camembert dans votre poche, et leur témoigner votre déférence, et reconnaître leur ascendant sur vous. Mais je les comprends, je reconnais qu’elles font un travail monotone et j’aimerais bien leur donner un peu de réconfort si je ne craignais de ne pas arriver au bon moment. Enfin, il me faut bien avouer ce qui m’irrite le plus chez elles : une fois sur deux, ou presque, elle m’appellent « Madame ». C’est l’erreur qui tue et que je ne peux pas leur pardonner. Donc, ma caissière de rêve est celle qui me dira « Monsieur » sans jamais se tromper.
Humeur
Ma caissière préférée
Publié le 04/12/2014
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RICHARD LISCIA
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3137
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