LES CHOSES changent. Les professionnels de santé du premier recours ne peuvent plus continuer à vivre chacun de leur côté. Ils doivent désormais travailler ensemble. La raison ? « Le patient prend de plus en plus de pouvoirs. » L’évolution de sa prise en charge est donc inéluctable. En clair, la logique du tuyau d’orgue, qui avait jusqu’alors prévalu, est bel et bien révolue et doit céder la place à la transversalité.
« Les patients sont de plus en plus complexes et nécessitent des attentions particulières qui sont souvent personnalisées », reconnaît ainsi ce pharmacien de Montélimar (Drôme). La chronicisation d’un certain nombre de pathologies et l’augmentation du nombre de patients souffrant de pathologies chroniques rendent ainsi nécessaires le dialogue et la collaboration les uns avec des autres, « ne serait-ce que pour adapter les traitements ou, du moins, les posologies », ajoute son confrère ruthénois (Aveyron).
Des cloisons qui semblent difficiles à abattre.
D’où l’intérêt de travailler de plus en plus en équipe. Et, bien évidemment, au-delà des murs de l’officine. « La coopération entre professionnels de santé doit en effet réunir à la fois les libéraux entre eux et les libéraux et les hospitaliers », précise encore cet officinal stéphanois (Loire). Cette évolution paraît d’ailleurs tellement inévitable qu’un praticien roannais (Loire) n’hésite pas à considérer que « dans quelques années, les médecins, comme les pharmaciens et l’ensemble des professionnels de santé du premier recours se demanderont pourquoi ils ne l’avaient pas fait plus tôt ».
Et pourtant... Aujourd’hui, les cloisons semblent encore difficiles à abattre. « La pratique quotidienne des professionnels de santé du premier recours relève ainsi plus souvent de l’exercice de jonglage que de l’exercice médical ou paramédical », déplore ce pharmacien carpentrassien (Vaucluse). Sous prétexte que les uns et les autres sont peu enclins à se rendre disponibles, la traçabilité est souvent laissée de côté. Et les régularisations a posteriori sont devenues légions alors que des échanges réguliers auraient permis d’anticiper et donc d’éviter de devoir travailler dans l’urgence.
Revenir à domicile.
Pour que les patients puissent sortir de l’hôpital et revenir à leur domicile, comme les y incite logiquement la tarification à l’activité (T2A), les professionnels libéraux doivent être capables de les accueillir... et ne doivent donc plus travailler de manière isolée. « À défaut, l’hospitalisation à domicile (HAD) risque fort de se généraliser », craint Gilles Bonnefond, pharmacien installé à Montélimar et président de l’un des principaux syndicats d’officinaux, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Une généralisation qui pourrait se doubler d’une spécialisation par domaines thérapeutiques et donc par « l’apparition de filières comme l’HAD diabète ou encore l’HAD des risques cardio-vasculaires », ajoute encore Gilles Bonnefond avant de rappeler que « le déficit de médecins en milieu rural semble avoir aiguisé les appétits des principaux acteurs de l’hospitalisation à domicile ».
Pas question pour autant de mélanger les genres. Le diagnostic demeurera de la compétence exclusivement médicale, comme la dispensation continuera à relever de la seule pratique officinale. « Sur le terrain, il n’existe d’ailleurs aucune suspicion lorsque les professionnels de santé sont habitués à travailler ensemble », explique cette praticienne montluçonnaise (Allier). À l’instar des médecins et des officinaux niçois, tous s’accordent à reconnaître qu’« il y a une réelle utilité à lier langue autour de la délivrance et de la surveillance des traitements et qu’il faut désormais avancer ».
D’où l’idée émise par les pharmaciens niçois de « se déplacer au moins une fois avec le médecin au domicile des patients en HAD ». Une idée que leurs confrères installés en zones rurales, qu’ils soient Albenassiens (Ardèche) ou Bruaillois (Haute-Saône), partagent pleinement. « Ces collaborations contribueraient indéniablement à mieux appréhender les problèmes dont nul n’a conscience hormis les représentants de chaque profession. » Un premier pas vers une généralisation des coopérations interprofessionnelles…
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