Karine Dupré, titulaire associée de la Pharmacie du Marché, est une femme conciliante. Elle recherche toujours le confort de son équipe, dès qu'elle le peut. Pour le week-end du 15 août, elle a accordé deux jours à Julien. Le jeune pharmacien a enchaîné 6 mois de stage, et est maintenant en CDD pour renforcer l'équipe. Cette courte pause lui a permis de passer un peu de temps avec Marina.
La semaine s'annonce chaude et selon les prévisions météorologiques, les températures vont encore grimper dans les prochains jours. Ce matin, il fait déjà 26 °C, à 9 h 00.
Christèle entre précipitamment par la porte de service et se dirige directement vers le vestiaire.
- On a beau avoir la clim, il fait déjà chaud dans la pharmacie.
- Oui, je laisserais bien tomber la blouse aujourd'hui, répond son jeune collègue. On commence à deux pour le moment. Karine arrivera vers 9 h 15. Elle a un rendez-vous. Et Damien et Nicole à 9 h 30.
Julien saisit une grimace fugace sur le visage de Christèle lorsqu'il évoque Nicole Bertin. En juillet, les deux préparatrices ont eu un différend au sujet des congés d'été. Depuis, elles ne se sont pas revues.
Le téléphone sonne et, tout en appuyant sur le bouton d'ouverture de la porte automatique, Christèle répond.
- Bonjour Madame Chapowsky. Pardon ? Mais bien entendu. Mais si, je vous assure ; il n'y a aucun problème. Non, n'appelez pas le médecin pour ça Madame, ce n'est pas un médicament et c'est nous qui vous l'avons conseillé pour préparer votre peau au soleil. Comment ? Mais non, ça peut attendre demain. Non… Nous ne livrons que les traitements d'urgence Madame. À demain. Au revoir Madame.
Christèle regarde Julien. Elle retrouve son sourire :
- Je crois qu'on va s'amuser aujourd'hui.
- C'était Madame Chapowsky ? Qu'est-ce qu'elle veut ?
- Accroche-toi. Elle est affolée parce qu'elle n'a plus de Phytobronz depuis samedi soir. Elle voulait appeler le médecin pour ça et m'a demandé qu'on lui en livre en urgence ce matin, explique la préparatrice avant d'éclater de rire.
- Il faudra vraiment qu'on lui propose un bilan de médication, répond Julien, ironique.
Au comptoir, une femme attend que quelqu'un s'occupe d'elle. La cinquantaine, ronde, elle est habillée de façon très provocante. Julien la salue et reçoit en échange un large sourire. Il se sent dévisagé et le rouge lui monte aux joues :
- Il fait chaud n'est-ce pas ? dit la cliente en agitant éventail à trois sous devant sa poitrine largement décolletée. Il me faudrait des bas de contention, s'il vous plaît. On m'a dit de venir le matin.
- Vous en avez déjà ? demande Julien en espérant que la réponse soit affirmative pour éviter l'étape de la prise de mesure.
- Non, pas des bas. Il faut reprendre les mesures. Même si à cette chaleur, je ne les porterai pas. Déjà que je porte le minimum ce matin, ajoute la cliente en s'accoudant au comptoir pour faire comprendre au jeune homme qu'elle ne porte pas de soutien-gorge. Quoi qu’il en soit, je vous laisse prendre les mesures ce matin… avec plaisir.
La journée s'annonce effectivement très chaude.
(À suivre…)
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