La meilleure façon de faire face à l'adversité serait-elle de l'ignorer ? C'est en tout cas ce qu'ont décidé de faire le président de la République et le Premier ministre, dont on a compris que leur détermination est inusable et leur patience proche de la bonhomie. Il suffit de voir comment, dans l'affaire de Notre-Dame-des-Landes, ils remettent le métier sur l'ouvrage, alors qu'ils sont pris à partie par une poignée d'individus qui bafouent la loi au mépris des concessions énormes que le pouvoir leur a accordées. Néanmoins, les Français pourraient s'indigner de ce que, non seulement les syndicats de cheminots leur font la vie dure, mais que l'extrême gauche continue d'organiser des manifestations. En mai, on en perd le compte, même si M. Mélenchon nous assure que la journée du 26 sera, comme les précédentes, le signal d'un coup d'Etat social et, allons, ne chipotons pas sur les mots, le premier jour d'une ère nouvelle auprès de laquelle le grand soir n'aurait été qu'une vaste blague.
Dans cette conviction tenace des forces hostiles au pouvoir qu'elles vont le balayer avec la seule puissance du verbe et qu'elles assureront la déroute de Jupiter, sinon de l'Empereur, le couple exécutif ne devrait-il pas être saisi par un frisson de terreur ? Il est difficile de croire qu'il sous-estime la virulence des attaques dont il fait l'objet et la multiplicité des efforts fournis par les partis d'opposition pour venir à bout des réformes qu'il a engagées. Bien sûr, M. Macron dispose d'une large majorité, la critique systématique des oppositions de droite et de gauche cache mal les faiblesses apparemment insurmontables des partis politiques et, face au programme gouvernemental, la vue se perd à l'horizon, dans le désert des contre-propositions.
Cependant, si la vie quotidienne des Français ne s'est guère améliorée ces derniers mois, nos dirigeants impavides additionnent les réformes, en dépit du tollé qu'elles soulèvent et des tentatives parlementaires quelque peu essoufflées pour les bloquer. Comme s'il y avait un parallèle entre les difficultés sociales et l'action du gouvernement, comme si l'impopularité croissante de l'exécutif l'incitait à aller plus vite, comme si, au fond, la vigueur du mandat accordé par le peuple à M. Macron et à sa majorité suffisait à légitimer ses réformes.
Une symbiose parfaite
A n'en pas douter, et quel que soit par ailleurs leur mauvaise humeur, les Français ne sont pas convaincus par l'espoir d'alternance que la droite et la gauche veulent leur insuffler. Ils ne sont pas dupes, car ils croient, semble-t-il, à la stabilité de ces institutions que leur offre l'actuelle république. Mais il y a une autre raison qui explique la tranquillité marmoréenne de l'exécutif : c'est la symbiose parfaite du président et du Premier ministre, c'est leur connivence, qui n'est pas exactement idéologique mais relève plutôt de la conviction qu'ils sont chargés de la même mission et qu'avant même de reprendre leur souffle un jour et de se demander dans quelle direction il faudra aller après la réforme, veulent mener à bien cette mission.
Edouard Philippe ne cesse de rappeler qu'il vient de la droite, qu'il est toujours à droite, et il a veillé à ne pas prendre sa carte de la République en marche. Philippe, c'est Alain Juppé de cœur, et c'est Macron par nécessité, et il laisse entendre que la plus grande de ses libertés n'est pas d'avoir un destin présidentiel, mais de retourner un jour à sa maison politique. Il n'en faut pas plus pour que ce chef de gouvernement simple, décontracté, jamais ébranlé ou agacé par la virulence des assauts de l'opposition, apporte au président une loyauté sans failles. Cette alliance d'airain entre les deux hommes donne à leur action politique une crédibilité que les exécutifs précédents n'ont pas toujours eue, à droite comme à gauche.
C'est la fusion des caractères, dont les différences nourrissent leur complémentarité, qui explique la solidité actuelle du pouvoir. Macron et Philippe sont à la fois distincts et soudés, principalement parce que le chef du gouvernement a pour unique ambition de faire son travail.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion