JACQUES BARROT a été plusieurs fois ministre, notamment de la Santé, et député de Haute-Loire pendant près de 30 ans. Nommé en mars dernier membre du Conseil constitutionnel, il témoigne des neuf années passées au sein de la Commission européenne. Proche de la pharmacie à la française, l’homme revendique sa filiation : « Je suis né dans une pharmacie ! Mon père, Noël Barrot, a été vice-président de l’Ordre. » Un attachement particulier à l’officine lui permet de regarder le chemin emprunté par l’Europe à l’égard du métier de pharmacien. « Je crois en cette profession, j’en ai vu la compétence, l’accessibilité, la proximité, la disponibilité. J’ai vu, enfant, les préparations magistrales, j’ai vu plus tard l’intérêt du conseil santé pour tempérer une ordonnance pléthorique. Le pharmacien est un acteur majeur de la santé publique. »
Récemment, l’Europe a montré un intérêt accru pour le pharmacien et le médicament, notamment sur l’ouverture du capital ou la répartition démo-géographique. Les récentes décisions de la Cour de justice des communautés européennes (CJCE) se sont orientées vers la subsidiarité des États membres en matière de santé. La France peut donc conserver la règle du capital des officines réservé aux seuls pharmaciens. « Sur les 27 pays qui composent l’Union européenne, 16 ont choisi de soumettre l’installation officinale à des conditions démo-géographiques, 11 imposent des restrictions à la détention du capital, 13 exigent que les médicaments soient vendus uniquement en pharmacie, 15 autorisent leur vente sur Internet avec des modalités différentes. La subsidiarité est en train de faire sa place et la CJCE accorde beaucoup plus d’importance désormais à la qualité de la distribution du médicament », se félicite Jacques Barrot.
Une évolution qui se retrouve dans plusieurs décisions récentes. Il est entendu aujourd’hui que la santé fait partie des compétences partagées. La Commission européenne et l’Union européenne se doivent donc de tenir compte des législations nationales. Elles doivent intervenir uniquement en cas de défaillance des législations nationales. « Nous sommes sur le chemin d’une coordination européenne. Concernant le paquet pharmaceutique, qui a été adopté le 10 décembre 2008 par la Commission européenne, plusieurs mesures doivent passer très prochainement devant le Parlement. Un texte sur la pharmacovigilance, relativement consensuel, devrait être validé en une seule lecture le 6 décembre, un autre sur la contrefaçon et la garantie de la qualité des matières premières va passer en première lecture le 13 décembre. Un 3e texte sur l’information aux patients est prévu en première lecture en plénière le 14 décembre et un dernier texte concerne les soins transfrontaliers et leur prise en charge », énumère l’ancien ministre.
Ainsi, le médicament ne semble plus considéré comme une marchandise ordinaire et une prise de conscience se fait jour quant au rôle incontournable du pharmacien dans le cadre d’une recherche de soins de plus en plus individualisés impliquant un accompagnement adapté. « Je suis persuadé que la gestion du patient va prendre le pas sur le suivi de la pathologie, ce qui oblige à la coordination entre professionnels de santé. L’Europe de la santé n’en est qu’à ses débuts mais elle est inéluctable. »
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