Monsieur Le Président,
Cher ami,
Comme vous le savez, le Parti radical de gauche a toujours été un des porte-parole des professions libérales qui votent à gauche. L’avant-projet de loi « croissance et emploi » qui veut déréglementer les professions libérales ne peut en aucune manière être voté par nous en l’état actuel. Ces professions, surtout les notaires et les pharmaciens, ont un rôle essentiel dans la vie de notre monde rural, étant un quasi-service public avec un service reconnu auprès des populations. Les annonces faites comme « un gain de 6 milliards pour notre économie » sont fausses et d’ailleurs ont été dénoncées par le nouveau ministre Emmanuel Macron.
Le pharmacien d’officine est, pour nous, un professionnel de santé de proximité qui assure une mission de service public dans toutes les régions françaises ayant des revenus modestes. Pour ma part, en tant que députée et médecin, je vois les importants problèmes liés à la désertification médicale qui, à terme, peut amener une santé à deux vitesses dans notre pays. Le projet en l’état va accentuer cela en entraînant en plus une désertification pharmaceutique catastrophique pour nos zones, alors qu’ils représentent la profession de santé de premier recours reconnue par tous, dont la Stratégie nationale de santé défendue par le gouvernement.
Dans tous les pays où cette déréglementation a été mise en place, les résultats sont clairs : concentration des pharmacies en zone urbaine, aucune égalité devant les soins dans les territoires, prix de vente identiques entre l’officine et la grande distribution contrairement aux affirmations du rapport IGF, donc aucun gain pour les patients, de nombreux problèmes de mésusage (en Angleterre suite à des overdoses médicaments, certains ont été retirés de la vente en GMS).
Bien sûr, la profession de pharmacien doit évoluer mais trois piliers qui sont le socle fondamental de notre système de santé : monopole, numerus clausus, capital réservé aux pharmaciens, sont absolument nécessaires pour préserver une dispensation de médicaments alliant sécurité, qualité et disponibilité, correctement répartie sur le territoire. D’ailleurs la ministre de la Santé Marisol Touraine a réaffirmé ces principes dans des déclarations responsables bien reprises par Thierry Mandon que nous approuvons pleinement !
Le rapport de l’IGF qui reprend des idées périmées et fausses entendues depuis plus de 20 ans, souvent d’ailleurs sous les gouvernements de droite, est très influencé par la pression des fonds de pensions étrangers pour les chaînes de pharmacies ou la GMS et les grandes chaînes d’optique. Par exemple le revenu des pharmaciens a été calculé sur peu de pharmacies en zones privilégiées et très loin de la moyenne nationale surtout en milieu rural (une pharmacie ferme actuellement tous les 3 jours). Il n’est jamais signalé non plus, les lourds problèmes de mauvais usage rencontrés dans les pays déréglementés, etc..
Enfin un argument politique qui s’est confirmé avec l’importante grève du 30 septembre : le pharmacien est très apprécié dans la population pour sa compétence, sa disponibilité, sa garantie de sécurité, le bon usage des médicaments, la lutte contre les contrefaçons (pour 96 % des Françaises et des Français dans un dernier sondage), donc s’attaquer à eux serait très mal perçu dans tout le pays.
Sans oublier que plus de 4 millions de Françaises et de Français sont présents tous les jours dans les 22 600 pharmacies françaises, le dégât politique sera considérable quand les pharmaciens vont leur dire que bientôt, avec cette loi, ils n’auront plus de pharmacies proches d’eux garantissant un égal accès aux soins.
Tous ces éléments montrent que ce projet de loi est particulièrement inutile et facteur de problèmes. Je suis d’ailleurs surprise par la mobilisation générale, toutes tendances confondues, de la population contre ce projet de loi, surtout en milieu rural.
J’ai été, avec la plupart des députés radicaux, fidèle du gouvernement, mais je tenais à expliquer les raisons de santé publique, les raisons économiques et d’aménagement du territoire, ainsi que les raisons politiques de notre forte opposition à ce projet dangereux. J’espère fermement que, alerté par les élus de gauche de terrain, le gouvernement fera un projet de loi plus adapté et réaliste qui ne détruise pas un réseau de santé essentiel pour notre pays.
Dans un département où dans les grandes communes les liste PS/PRG ont fait aux dernières municipales plus de 55 % au premier tour malgré des listes NPA et Front de Gauche, les électeurs ne comprennent pas qu’un gouvernement de gauche veuille prendre de telles décisions technocratiques éloignées de la réalité du pays et empreintes des orientations de nos opposants.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, Cher ami, à mes sentiments amicaux et dévoués.
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