À cinq semaines de leur clôture, les élections aux URPS version 2015 n’ont rien de comparable avec la première édition de 2010. Marquées par la question de l’honoraire et, de manière générale, par les difficultés économiques de l’officine, ainsi que par le redécoupage régional, elles s’annoncent plus idéologiques que les précédentes, qui posaient les jalons d’une nouvelle structure née de la loi HPST. Avant le 30 novembre, les pharmaciens (section A) recevront par courrier à l’officine le matériel de vote qui leur permettra d’élire par correspondance leurs représentants aux URPS. Un droit qui leur est reconnu par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) et que les officinaux partagent avec quatre autres professions de santé libérales : les chirurgiens-dentistes, les infirmiers, les kinésithérapeutes et les médecins (1). Ces derniers les ont précédés de huit semaines. Ils ont sanctionné ce scrutin d’un taux d’abstention record (plus de 60 %) et accordé une forte poussée aux syndicats contestataires, les plus opposés au tiers payant généralisé.
Conventions et expérimentations
Voici plus d’un mois que les trois syndicats de pharmaciens en lice battent la campagne. Livre blanc, plan d’urgence et débats en région à l’appui, l’UNPF, la FSPF et l’USPO sont bien décidées à se démarquer auprès de leurs électeurs. Pour ces institutions de la profession qui proposent chacune une liste de candidats titulaires par région, l’enjeu est de taille. Du résultat de ces élections dépendra la suprématie de l’un ou l’autre syndicat sur chacune des treize régions et sur chacun des quatre départements d’Outre-Mer. Il en va également de leur représentativité respective au niveau national. C’est dire le poids de ce scrutin sur les prochaines négociations conventionnelles.
Sur le terrain pourtant, les premiers élus de 2010 regrettent parfois ces messages brouillés de part et d’autre qui occultent le travail réalisé depuis cinq ans. Ils évoquent tour à tour les expérimentations engagées, les appels d’offres des agences régionales de santé (ARS) auxquels ils ont répondu, les projets lancés en « interpro » …
Perte de proximité
Ce foisonnement d’initiatives déployées à grand renfort d’énergie confirme qu’il faut désormais compter sur les pharmaciens, comme l’avait déjà suggéré la mobilisation massive aux élections de 2010. Un grand nombre de ces élus, qui ont souvent essuyé les plâtres de la mise en place des URPS, n’en souhaitent pas moins rempiler, convaincus que les projets régionaux de santé (PRS), la permanence des soins, ou encore le DPC (2) ne peuvent se faire sans l’implication active des pharmaciens. Mais d’autres défis se posent à eux. Avec le redécoupage des régions, les URPS vont devoir recomposer avec leurs forces. Neuf d’entre elles vont disparaître définitivement du paysage français. En effet, seize URPS sont appelées à fusionner avec leurs voisines dans des triades ou des duos qui ne manqueront pas de rebattre les cartes syndicales. Et d’augmenter les distances géographiques entre les titulaires et leurs élus.
Les six URPS épargnées par le redécoupage régional, n’en demeureront pas pour autant intactes. Confrontées pour la plupart à la fermeture d’officines, et donc à la perte de titulaires, elles risquent de voir leur nombre d’élus baisser, le nombre de membres de l’assemblée variant en fonction du nombre de titulaires exerçant dans la région (3). Un phénomène qui n’est pas anodin puisque, à périmètre identique, elles devront faire aussi bien, et même mieux, avec des moyens humains et financiers réduits.
Car si 25 % du financement d’une URPS pharmaciens seront assurés par une répartition équitable entre les 13 URPS pharmaciens de la collecte nationale des cotisations, les trois-quarts restant seront indexés au nombre de pharmaciens électeurs. Les cinq années à venir requièrent donc plus que jamais une forte mobilisation de la profession. Il s’agira, bien entendu, de lancer de nouvelles pistes d’expérimentations qui ancreront le pharmacien dans la chaîne de soins et les PRS. Les projets ne manquent pas dans les tuyaux, nombre de candidats ayant déjà une petite idée de ce qu’ils prévoient de réaliser.
Mais la première tache des URPS sera surtout de transformer les expérimentations en cours en véritables réalisations sur le terrain. Reste une question suspensive majeure, celle de l’indemnisation des pharmaciens qui s’y engageront. Nul doute que cet aspect financier conditionnera en grande partie l’adhésion de l’ensemble de la profession, et par conséquent le déploiement des projets initiés. L’élan des élus, jusqu’alors attachés à démontrer aux pouvoirs publics leur volonté d’impliquer les pharmaciens dans l’offre de soins, ne doit pas se briser. Car c’est bien de motivation dont il s’agit à l’heure où la profession a besoin de se rassembler. Cet objectif devrait suffire à lui seul à convaincre les électeurs de renouveler leur score de participation exemplaire de 2010. À l’époque plus de trois titulaires sur cinq avaient participé au scrutin.
2) Développement personnel continu. Le schéma régional d’organisation des soins, les actions de prévention (veille et crise, éducation), la coordination des soins et la communication font également partie des sept missions assignées au pharmacien comme professionnel de santé de premier recours par le décret du 2 juin 2010.
3) Il varie de 3 élus pour 200 titulaires à 24 élus pour 5 000 titulaires et plus.
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