AVEC la signature de la nouvelle convention et sa rémunération mixte, les syndicats ont replacé la profession dans le réseau des professionnels de santé libéraux et il serait inconcevable que ce changement ne soit pas le point de départ d’une remise en cause profonde de notre mode d’exercice et, par voie de conséquence, de notre modèle économique.
La méconnaissance du fonctionnement économique de nos officines par nos responsables professionnels ou les différents intervenants économiques les amènent à ne pas remettre en cause un modèle qui deviendra un véritable handicap dès la mise en place de la nouvelle rémunération, en retenant des hypothèses où la baisse du taux de marge de la première tranche de MDL serait compensée par un honoraire de dispensation, comme KPMG ou la FSPF.
Les propositions chiffrées de l’USPO ne sont guère plus rassurantes quand à sa connaissance de la modélisation, surtout que les éléments économiques présentés lors des réunions d’informations, sont contradictoires et ne sont pas corroborés par la consultation des chiffres IMS Pharmastat dont ce syndicat se recommande. Retenir 8,60 euros comme rémunération à l’ordonnance, alors que pour IMS la rémunération moyenne pour 2011 est de 10,40 euros, nous laisse à penser que l’USPO fait des propositions en privilégiant, sans le savoir, un modèle économique. La rémunération à l’ordonnance dépend du mode d’exercice du titulaire et le montant retenu par l’USPO correspond à un mode d’exercice commercial et est, par ailleurs, très proche de la rémunération à l’ordonnance de la pharmacie référence de KPMG. En proposant un honoraire de 1 euro pour les ordonnances apportant une rémunération inférieure à 2,50 euros, l’USPO fait une proposition au prime abord cohérente puisqu’elle augmenterait la rémunération de 30 % des dispensations annuelles. Mais la rémunération moyenne à l’ordonnance de 10,40 euros d’IMS Pharmastat est obtenue avec ces 30 % de dispensations à faible rémunération. Pour arriver à la rémunération de 8,60 euros retenue, il faut un pourcentage d’environ 60 % de prescriptions rapportant moins de 2,50 euros. Les officines commerciales sont celles qui possèdent les pourcentages les plus élevés d’ordonnances ayant un rapport inférieur à 2,50 euros et possédant donc une rémunération moyenne le plus souvent inférieure à 8,60 euros. Si la proposition de l’USPO était retenue, 80 % de la valeur ajoutée totale obtenue avec cet honoraire seraient réparties sur moins de 15 % des officines, favorisant ainsi l’économie des pharmacies les plus commerciales et les plus grosses. Les pharmaciens discounters seraient alors les grands bénéficiaires de la nouvelle convention, ce qui n’est sûrement pas l’objectif du syndicat USPO.
Ainsi, a contrario de la proposition de l’USPO, si un honoraire de 1 euro était perçu pour chaque dispensation d’une ALD, le coût pour la Sécurité sociale serait du même ordre de grandeur, mais la répartition de la valeur ajoutée serait plus uniforme puisque 90 % de cette valeur seraient réparties sur plus de 85 % des officines, essentiellement des pharmacies de proximité, au bénéfice de celles qui disposeraient d’un panier moyen ordonnance (PMO) supérieur à la moyenne nationale.
Une autre hypothèse serait de baisser de 20 centimes le forfait par boîtes et de mettre en place un honoraire de 3 euros pour la dispensation d’ordonnances de traitements chroniques (incluant donc les ALD). Le coût pour la Sécurité sociale serait du même ordre de grandeur que l’hypothèse précédente si cet honoraire était pris en charge à 60 %. L’augmentation de valeur ajoutée (le double de l’hypothèse précédente) serait distribuée à 90 % sur 85 % des pharmacies, comme pour l’exemple précédant. Les pharmacies disposant d’un PMO égal ou supérieur à la moyenne nationale étant dans ce cas encore plus clairement privilégiées. L’avantage de cette dernière hypothèse est que les 12,50 % d’honoraires dans la rémunération du pharmacien seraient respectés et que le prix du médicament remboursable baisserait de 20 centimes par boîtes sans que la marge du pharmacien ne soit touchée, cette baisse gommant par ailleurs les augmentations tarifaires engendrées par la modification de la marge grossiste.
La modélisation nous montre que l’économie des officines va dépendre du choix de l’assiette d’application de l’honoraire de dispensation. Les exemples que nous avons développés montrent que la préservation d’un réseau de proximité cohérent passe par l’adoption d’un honoraire privilégiant les seules pharmacies possédant le plus fort pourcentage d’ordonnances dans leurs ventes, marquant ainsi la fin d’un modèle économique trop commercial.
Ce n’est qu’à ce prix que la profession pourra se sortir d’une impasse économique dans laquelle elle s’est elle-même plongée.
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