On a beaucoup écrit sur les mères mais le mieux, pour les connaître vraiment, est de les écouter et de les lire. Cette évidence a conduit deux universitaires spécialistes de l’histoire des femmes, Yvonne Knibiehler et Martine Sagaert, à publier « les Mots des mères » (1), un panorama de textes anthologiques, présentés dans leur contexte historique et social. On peut ainsi suivre de façon chronologique le long cheminement de l’histoire des mères.
Depuis le moment où les hommes ont défini la maternité à leur manière, soit des débuts du christianisme jusqu’à la fin de la monarchie absolue. La généralisation de l’instruction des filles conduira ensuite les femmes à oser revendiquer leurs droits et, plus tard, le progrès des sciences biologiques et médicales leur permettra d’être mères selon leur volonté. Un ouvrage passionnant et d’une grande clarté.
Auteure de cinq romans et critique littéraire, Anne Goscinny est aussi, on le sait, la fille unique et l’héritière de René Goscinny. On sait moins qu’un an avant la disparition de ce dernier, alors qu’elle avait 9 ans, sa mère est tombée malade et qu’elle a survécu dix-sept ans.
Dans « le Sommeil le plus doux » (2), une jeune femme, Jeanne, sa mère et sa grand-mère, passent les fêtes de Noël à Nice. La mère est en phase terminale d’un cancer, elle a souhaité revoir sa ville natale, la grand-mère est une survivante qui s’est réfugiée dans un monde à part. Le soir du réveillon, Jeanne rencontre Gabriel, esseulé lui aussi. La vie contre la mort, est-ce possible ? Un court roman intime et poétique, où alternent les voix brisées de Jeanne et de Gabriel et où les mots, surtout ceux que l’on tait par pudeur et par peur, touchent au cœur.
Dans « Sa Majesté maman » (3), les mots d’Anne B. Ragde sont, à l’inverse, sans fioritures et parfois durs. On connaît cette écrivaine norvégienne, lauréate du prix Riksmal, l’équivalent du prix Goncourt, auteur notamment de la « Trilogie des Neshov ». On connaît aussi sa mère, personnage plus ou moins récurrent et masqué de plusieurs de ses livres, mais dans celui-ci c’en est fini de la mise à distance romanesque. Anne B. Ragde est devenue orpheline : le temps est à la vérité, sans fard ni distance. Il en ressort le portrait d’une femme de caractère qui a élevé seule ses filles selon ses propres règles et qui, en dépit de la pauvreté, n’a jamais cessé d’aimer les belles choses et d’apprécier la littérature. Un portrait sans concession, où la mère apparaît avec ses qualités et ses défauts, où l’amour l’emporte sur les câlins. Authentique.
L’exil et les non-dits
D’origine tunisienne, docteur en littérature française et comparée de la Sorbonne, Fawzia Zouari vit à Paris depuis 1979 ; son dixième livre, « le Corps de ma mère » (4), raconte sa quête, son enquête pour percer l’énigme que représente sa mère, aussi rétive aux confidences qu’à la tendresse Celle-ci est morte en 2007 mais ce n’est qu’en 2011, au moment de la révolution tunisienne, que Fawzia Zouari a osé braver les interdits, pour raconter le corps de sa mère dans le coma à Tunis, et qu’elle s’est fiée à la parole de sa domestique et confidente pour témoigner de son enfance rurale et traditionnelle, de sa vie dans la moderne Tunis, de la colonisation et de son exil en France, marqué par de vraies-fausses multiples aventures. Un récit foisonnant, empreint d’un réalisme magique, qui incite à « croire l’incroyable ».
La mère, et le père, sont des figures attachantes de « Majda en août » (5), le deuxième livre de Samira Sedira, comédienne née en Algérie, qui s’est fait connaître avec « l’Odeur des planches ». Il brosse le portrait d’une enfant brisée par les non-dits au sein d’une famille maghrébine ; lui ancien ouvrier du BTP, elle submergée par les tâches ménagères. Aînée de sept enfants, dont six garçons qui en font leur souffre-douleur avant de dicter leur loi machiste, Majda a fait des études universitaires et vécu à Paris pour leur échapper mais la folie contre laquelle elle a lutté longtemps a fini par gagner. Elle a 45 ans lorsqu’on la ramène dans la cité. Les garçons sont partis, il ne reste que le père et la mère et l’acte sur lequel jamais personne n’a pu mettre un mot, la violence faite un jour au corps de Majda. Un récit très fort et pourtant tout de retenue.
« Le Cas Noah Zimmerman » (6) est le premier roman de l’Américaine Sharon Guskin, traduit d’emblée dans une vingtaine de pays. Présenté comme une « lecture hypnotisante », le thriller tourne autour de la réincarnation. Une jeune femme célibataire a choisi de garder le bébé conçu avec un parfait inconnu. Désemparée par le comportement de son fils de 4 ans, sujet à des cauchemars à répétition et à des phobies ingérables, certainement surdoué mais déjà déscolarisé et asocial, elle se laisse tenter par la proposition d’un psychiatre de trouver l’esprit qui habite l’enfant. L’auteure montre bien l’ambivalence d’une femme trop pragmatique pour croire en un remède miracle mais qui se laisse malgré tout tenter face à l’échec thérapeutique.
L’ex-star des yéyés Sylvie Vartan rend hommage à sa mère dans un livre simplement intitulé « Maman… » (7), égayé de quelques photos prises dans sa Bulgarie natale, à Paris, où sa mère Ilona, son père, son frère aîné Eddy et elle ont partagé une chambre, pendant les tournées de la chanteuse et au manoir de Gagny, à Loconville, où elle s’était mariée avec Johnny Hallyday. En s’appuyant sur le journal intime de celle-ci et ses propres notes, Sylvie Vartan témoigne d’un amour réciproque et constant jusqu’à la mort d’Ilona à 93 ans, en 2007.
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