EN DÉPIT de la mise en place d’une réglementation de plus en plus contraignante ces dernières années, les nuisances sonores de voisinage restent un problème, notamment dans l’habitat ancien, rappelle l’Académie nationale de médecine dans son rapport intitulé « Les nuisances sonores de voisinage dans l’habitat. Analyse et maîtrise ». Pour les académiciens, même de simples vibrations sonores peuvent être perçues comme des nuisances. « De simple désagrément, elles peuvent devenir une réelle source de stress, constituant alors un problème de santé publique portant atteinte à la qualité de vie. Leurs répercussions sur la santé deviennent un enjeu économique », précise-t-elle. Le bruit peut entraîner notamment une surconsommation médicale, une désertion des centres-villes, une dépréciation immobilière et a un retentissement sur la vie professionnelle. D’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), l’exposition au bruit est responsable de 11 % des accidents du travail, de 15 % des journées de travail perdues et de 20 % des internements psychiatriques.
La persistance du bruit à l’intérieur du logement peut avoir différents effets sur la santé. Le rapport rappelle un sondage Sofres de 2010 qui révèle que deux Français sur trois se plaignent du bruit à leur domicile dont 19 % souvent et 4 % en permanence. Une autre enquête, du Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB), établit les conséquences subjectives du bruit de voisinage. Ainsi, 35 % des personnes interrogées ont accusé le bruit d’être à l’origine de perturbations du sommeil, de fatigue, de stress, de tension nerveuse, de dépression ou de prise médicamenteuse. « Quand on sait que la qualité du sommeil est une condition préalable essentielle d’un bon fonctionnement physiologique et mental, on mesure les effets délétères pour l’individu exposé au bruit et leurs conséquences en termes d’augmentation des consultations médicales, des achats de somnifères, et plus globalement des dépenses de santé », poursuit le document.
Des conséquences cardio-vasculaires.
Mais les nuisances sonores peuvent avoir d’autres effets sur la santé. « Le bruit pourrait être à l’origine de 3 % des décès par maladies cardiaques ischémiques. Par effet de stress, il entraîne des modifications endocriniennes (augmentation de la sécrétion des catécholamines et du cortisol) qui ont des répercussions sur le système immunitaire », explique l’Académie nationale de médecine.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2011, a quantifié le nombre d’années perdues en Europe, en raison de l’exposition aux bruits. Elle en a dénombré 61 000 par maladie cardiaque ischémique, 45 000 par altération des acquisitions des connaissances scolaires, 903 000 par troubles du sommeil, 22 000 par acouphènes et 587 000 par la gêne ressentie.
L’Académie insiste sur la nécessité de respecter la réglementation acoustique dans les constructions neuves, ce qui n’est possible qu’avec des contrôles qui sont, selon elle, trop rares.
Les académiciens énoncent une série de recommandations pour que la « qualité acoustique » devienne un label. Ils souhaitent que les entreprises et architectes qui travaillent dans l’habitat soient sensibilisés, formés et qualifiés sur les questions de nuisances sonores. Ils suggèrent également que les particuliers soient informés sur les qualités acoustiques de leur futur logement, et qu’ils puissent bénéficier de conseil. L’Académie souhaite la création auprès des municipalités d’ « offices bruit » qui offriraient écoute, aide et une possibilité de médiation. Enfin elle préconise que la lutte contre le bruit soit dans tous les programmes nationaux de promotion de la qualité de vie et que la maîtrise du bruit soit incluse dans les campagnes de sensibilisation à l’environnement.
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