DANS LA JOIE et l'antidouleur, les ventes d'antalgiques progressent encore en 2008. Cette croissance ne s'exerce pas sur tout le marché des produits de prescription médicale facultative (518 millions d'unités, + 0,6 %, selon IMS Health), mais seulement sur le segment de l'automédication (ventes non prescrites). Il progresse en effet de 3 % l'an dernier, à près de 130 millions d'unités vendues*. Aujourd'hui, un antalgique sur quatre est donc vendu hors prescription. Comment expliquer la dynamique de ce segment, le premier du conseil officinal en volume ? D'abord, de plus en plus, le consommateur prend en charge ses dépenses courantes de santé. En témoigne le frémissement du marché global de l'automédication l'an dernier (+ 2,5 % en volume). L'impact du libre accès est encore limité, estiment les fabricants. Les ventes d'antalgiques non remboursables, présentés ou non devant le comptoir, sont à 0,2 point de croissance (43 millions d'unités vendues). Plusieurs raisons à cela. D'abord, le libre accès n'est effectif que dans une minorité d’officines. Il est encore sous-utilisé par les consommateurs et, jusqu'ici, peu pourvu en antalgiques. Le paracétamol, molécule reine du segment, est quasi absente de cet assortiment. C'est surtout l'ibuprofène qui est représenté, avec quinze spécialités sur la vingtaine autorisées à franchir le comptoir. Parmi elles, Intralgis d'Urgo, Ergix de Merck Médication Familiale, Gélufène de la Cooper et l’ibuprofène de Gibaud ou de Sandoz.
Un net recul de l'aspirine.
En fait, c'est la mise à disposition, pour ces deux molécules, de références adaptées à la prise adulte qui a le plus contribué à l'essor du segment. Soulignant une meilleure observance avec ces hauts dosages, les recommandations médicales ont accompagné ce développement. Puis l'automédication a emboîté le pas à la prescription. Chez sanofi-aventis, les ventes de comprimés secs de paracétamol à 1 g ont progressé de 20 % en volume en 2008. La marque Doliprane réalise 85 % des ventes (170 millions d'unités annuelles au total) sur ses références adulte. La moitié d'entre elles se font désormais sur les dosages 1 g. Ces derniers ont pris l'avantage sur les présentations 500 mg au sein de la gamme Efferalgan de BMS-UPSA (90 millions d'unités vendues), qui commercialise aussi Dafalgan. Pour le comprimé associant paracétamol et acide ascorbique (3,8 millions d'unités), la croissance n'est pas au rendez-vous. Pour l'aspirine vitaminée C, non plus (2,5 millions d'unités). Le regain viendra peut-être de la mise à disposition prochaine de ces deux références en libre accès, aux côtés d’Upfen et D’Efferalganodis (dont les ventes respectives dépassent 800 000 unités annuelles). Le segment de l'aspirine, dont la moitié des achats se font hors prescription, perd 10 points en 2008. Il dépasse encore la barre des 15 millions d’unités vendues chaque année. « Mais, avec l’intérêt croissant pour le paracétamol et l’ibuprofène, la reconquête du marché paraît difficilement envisageable », estime Lénaïk Michel, codirecteur marketing Douleur de BMS-UPSA. Une explication : l’aspirine n’est que très peu soutenue par les laboratoires. Les références non remboursables Aspégic 500 et 1 000 (1,7 million d'unités) et Aspirine du Rhône (825 000 unités) suivent la tendance générale, mais résistent un peu mieux. La seconde spécialité appartient au portefeuille antalgique de Bayer Santé Familiale, déjà bien fourni avec les gammes Aspro et Alka Seltzer.
Lancement réussi d'ibuprofène 400 mg.
Outre le paracétamol, le marché doit beaucoup au segment de l'ibuprofène. Cette molécule bénéficie, elle aussi, de la poussée des dosages élevés (400 mg). Sur le terrain de la prescription, avec un total de 11,2 millions d'unités vendues, la marque leader est Advil. Ses ventes se font, à 56 %, sur les formes solides. Parmi elles sont présentes en libre accès la capsule molle AdvilCaps 200 (le dosage 400 mg n'est pas disponible pour le moment) et le comprimé enrobé AdvilTab 400. « Ces références sont adaptées à cette présentation, par leur contenance, l'inscription du dosage sur le comprimé et des indications sur le conditionnement. Et les notices sont plus claires », souligne Lydie Beaugendre, au marketing de Wyeth Santé Familiale. Selon elle, l'écart de prix avec les équivalents remboursables se justifie par une plus grande rapidité d'action. En effet, la mise à disposition en capsule molle permet d'obtenir un pic de concentration plasmatique en 30 minutes, contre 60 à 90 minutes avec d'autres galéniques d'ibuprofène. Un délai d'action plus court est également obtenu par adjonction d'arginine à l'ibuprofène, dans le cas de Spedifen et de Spifen, rappelle Mireille Grataloup, en charge de la communication de Zambon France. La marque Spedifen a frôlé l'an dernier le cap du million et demi d'unités vendues, enregistrant une croissance record de 70 %. Mais la gamme phare sur l'ibuprofène non remboursable demeure Nurofen et ses 7,8 millions d'unités annuelles vendues (11 millions avec Nureflex). La marque de Reckitt-Benckiser a multiplié les innovations ces dernières années. Nuroflash progresse toujours, à 775 000 ventes annuelles. Le lancement du comprimé dosé à 400 mg en mars a été le plus réussi parmi les nouvelles références OTC de 2008, avec plus de 1 million d'unités vendues. Le produit devance Spedifen 400 (commercialisé en mars) et AdvilTab 400 (lancé en septembre), respectivement achetés à 517 000 et 200 000 unités l'an dernier.
Privés de pub.
Les antalgiques de palier 2 constituent eux aussi un facteur de croissance du marché. « Ce segment progresse de 3,9 % en volume l'an dernier contre 1,93 % pour les médicaments de palier 1 », précise Véronique Eb, chef de gamme au Laboratoire Boehringer-Ingelheim. Prontalgine arrive en tête des ventes du segment (2,25 millions d'unités vendues), loin devant Migralgine de Mc Neil Santé Grand Public (740 000 unités). Ces formules très proches associent le paracétamol à la caféine et la codéine. « Une enquête récente a montré que les réticences vis-à-vis de cette molécule viennent moins des consommateurs que des professionnels de santé eux-mêmes. Pourtant, ces derniers ont confiance dans l'efficacité d'une telle association. Aujourd'hui, la moitié des pharmaciens préconisent d'emblée un antalgique de palier 2 lorsqu'il est nécessaire d'y avoir recours », relate Véronique Eb. Ce recours est préconisé en cas de douleur modérée à sévère, dans le traitement des céphalées, douleurs dentaires, douleurs des règles et du mal de dos. « Plus que pour sa localisation, c'est d'abord pour l'intensité de la douleur que le patient se tournera vers un médicament de palier 2 », estime la chef de gamme de Boehringer-Ingelheim. Au rang de ces spécialités interviennent également Gaosédal Codéine (Merck Médication Familiale), Algicalm (Grünenthal) et Klipal Codéine (Pierre Fabre Santé). Renfermant un dérivé opiacé, ces produits sont privés de libre accès et de communication grand public. « Pour nous, ce n'est pas une opportunité manquée, mais cela conforte notre positionnement de dernier rempart antalgique avant la consultation », affirme Véronique Eb.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion