« IL EST INACCEPTABLE que de nombreuses pharmacies communales situées dans des quartiers riches affichent un volume d’activités important et soient toujours dans le rouge ! Nous devons inverser la tendance en changeant radicalement notre modèle de gestion ! » Ces propos ont été tenus par Ignazio Marino, chirurgien et maire de Rome après un examen attentif des comptes de Farmacap, la société sanitaire municipale qui gère les 43 officines communales romaines et leurs 360 salariés. L’an dernier, le taux d’endettement de Farmacap était estimé à 10 millions d’euros. Le chiffre d’affaires des 43 pharmacies en 2012 n’a pas dépassé la barre des 48 millions d’euros. Trop peu selon l’équipe de la société britannique de révision des comptes Ernst & Young, recrutée par l’édile de Rome pour dresser un bilan du patrimoine pharmaceutique communal.
Mauvaise gestion.
Dans ce contexte, l’ouverture de quatre nouvelles officines communales à Rome, selon le document de programmation 2013-2017 présenté l’été dernier par Farmacap, devrait tourner au vinaigre. D’autant que les conclusions de la société de révision ont souligné les défauts de gestion de l’entreprise sanitaire communale. D’abord en ce qui concerne les loyers des locaux à triple zéro dans les banlieues, où le prix du mètre carré est normalement moins cher. En 2011, le coût global des loyers versés pour les 43 pharmacies communales était de deux millions d’euros. Trop cher par rapport à un chiffre d’affaires faible. Sans parler des frais de restructuration des locaux, la municipalité ayant signé un chèque de 8 millions d’euros il y a deux ans. « Paradoxalement, les coûts étaient particulièrement élevés pour les pharmacies situées dans les banlieues, c’est-à-dire les officines dont les loyers sont les plus chers ! », a remarqué l’un des réviseurs de la société britannique.
Autre problème : la répartition géographique des pharmacies. Au départ, les pharmacies communales devaient être installées dans les quartiers défavorisés, donc peu rentables, pour compenser l’absence d’officines privées. Or la plupart des pharmacies communales sont implantées dans des quartiers aisés et situées souvent à quelques centaines de mètres des officines privées. Enfin, la question de la gestion financière est approximative. Face à l’accumulation des retards de paiement, les fournisseurs refusent de livrer leurs marchandises. Un instrument de rétorsion pénalisant pour les pharmacies communales, qui perdent une partie de leur clientèle, happée par la concurrence des privés.
Vague de licenciements.
Reste que la situation des pharmacies communales romaines n’est pas un cas isolé. La plupart des 1 400 officines disséminées sur l’ensemble du territoire, et qui représentent 7,5 % du nombre total de pharmacies (1 435 contre 17 498 officines privées), affichent un très mauvais bulletin de santé. À Milan, par exemple, la société sanitaire Admenta, qui gère les 84 pharmacies communales, a licencié 52 salariés pour redresser des comptes en peine déliquescence. Dans le Latium, à Ardea, la mairie a décidé de se débarrasser d’une partie de ses pharmacies. En Toscane, le scénario est identique et les syndicats ont engagé un bras de fer avec la municipalité de Grosseto pour essayer de bloquer la vague de licenciements et la fermeture des pharmacies, toujours pour redresser la barre.
« N’étant pas propriétaire, le personnel des pharmacies communales n’a aucun objectif, aucun plan économique pour rentabiliser l’entreprise. Ils se comportent comme des employés de l’administration publique ! », estime Vittorio Contarina. Titulaire d’une officine privée et syndicaliste, ce quadragénaire a vérifié sur le terrain les conditions de travail dans les pharmacies communales. « Il y a quelques mois, j’ai voulu acheter de l’aspirine. Il était 19 h 48 et ils avaient déjà fermé boutique. Je les ai obligés à rouvrir. Ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas me donner de ticket de caisse car ils avaient fermé la caisse. J’ai dit que j’allais appeler les carabiniers… », se souvient Vittorio Contarina.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion