MERCREDI 16 JUIN, les Varois se réveillent hagards sous le soleil. À se demander s’ils n’ont pas rêvé. Les commerces et habitations éventrés, les voitures empilées les unes sur les autres, la boue partout, les routes coupées, l’électricité défaillante, l’absence d’eau potable… les rappellent à la réalité. Le syndicat des pharmaciens du Var et l’Ordre régional Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse ont le plus grand mal à obtenir des nouvelles de certains confrères.
À Draguignan, six pharmacies sur onze répondent au téléphone. La pharmacie Carnot s’en tire bien, mais la pharmacie Clémenceau, un peu plus bas sur le boulevard du même nom, a dû écoper et nettoyer toute la journée du mercredi afin d’assurer son tour de garde le soir même. « On a vu passer des torrents de boue sur les grands boulevards », indique Paul Reybaud, titulaire de la pharmacie-herboristerie éponyme. La pharmacie Schwadrohn, située sur la plus vieille place de la ville, dans le vieux Draguignan, a également été épargnée. « Il suffit de tourner au coin de la rue pour découvrir le désastre. Je dépanne la clientèle des confrères qui ont dû fermer et des gens qui n’ont pas pu rentrer chez eux et n’ont pas leur traitement. Certains ont tout perdu. »
Bouleversé.
Selon la direction interrégionale Sud-Est de Météo France, il faut remonter à 1827 pour retrouver une crue de cette ampleur. Ce qui explique le nombre de victimes, surprises dans leur maison ou leur voiture par la soudaine et violente montée des eaux. L’une d’elle était secrétaire dans deux officines. À la pharmacie du Cannet-des-Maures, Pascal Boez, est trop bouleversé pour parler de cette femme de 55 ans qui travaillait depuis de nombreuses années à ses côtés. À la pharmacie Pouchès, dans la commune limitrophe du Luc, Philippe Pouchès est ému : « Elle habitait au Luc, elle a quitté son travail vers 17 h 30 en voiture. Son mari a signalé sa disparition, elle a été retrouvée sans vie vers 22 heures. »
Les trois officines du Luc ont été épargnées. En revanche, on reste sans nouvelle des deux officines des Arcs, des deux de Trans-en-Provence, des trois du Muy et de deux pharmacies sur trois à Roquebrune-sur-Argens. À Figanières, contre toute attente, la pharmacie est le seul commerce à avoir été relativement épargné. « La toiture a été abîmée, c’est tout. Nous avons vu déferler une vague de deux mètres de haut, la commune est méconnaissable, tous les véhicules ont été emportés, les commerces saccagés », remarque Jeanine Inaudi, titulaire de la pharmacie des Fontaines.
Catastrophe naturelle.
À Vidauban, les trois pharmacies répondent présent. « L’officine a seulement des problèmes informatiques et électriques. Je n’étais pas là mardi, je ne réalise pas ce qui s’est passé. Je fais un peu de dépannage auprès de clients, comme cette jeune fille qui a été évacuée avec ses parents du camping de Fréjus dans la nuit de mardi à mercredi. J’espère que les confrères vont bien et que la solidarité va jouer », s’émeut Marie-Claude Buttarelli, titulaire de la pharmacie de la Montagne.
Les informations sont encore parcellaires, notamment parce que l’électricité manque en de nombreux endroits, les communications ne sont pas toujours rétablies et certaines routes sont impraticables. « Une pharmacie à Trans-en-provence serait complètement détruite, mais on n’en sait pas plus car on ne peut pas les joindre et les routes sont coupées. Les pharmaciens que j’ai eu au téléphone sont touchés par des inondations, des pannes électriques qui ont entraîné la perte des produits dans les frigos. Les problèmes concernent principalement la trésorerie, dans un contexte économique déjà difficile », note le syndicat des pharmaciens du Var.
La région a annoncé qu’elle allait débloquer au moins un million d’euros pour les communes sinistrées, tandis que l’État va déclarer l’état de catastrophe naturelle. Un fonds d’aide pourra être attribué par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, à la demande du syndicat départemental, comme cela a été fait en Vendée et en Charente-Maritime après le passage de la tempête Xynthia fin février dernier.
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