EN BELGIQUE, la rémunération des pharmaciens a désormais un nouveau visage. Concrètement, l’ancienne marge de 31 % sur tous les médicaments prescrits a disparu au profit d’un honoraire de 3,88 euros par boîte, complété par une petite marge dégressive qui constitue, en moyenne, 20 % de la rémunération. En outre, les pharmaciens touchent un honoraire supplémentaire de 1,19 euro lorsqu’ils honorent une prescription en DCI, ou pour la délivrance de certains médicaments soumis à autorisation particulière de la part des caisses.
Comme l’explique Anne Lecroart, pharmacien d’officine à Bruxelles et secrétaire générale de l’Association Pharmaceutique Belge (APB), la nouvelle rémunération est financièrement « neutre » pour les pharmaciens, les assurés et les caisses. Elle a été obtenue au terme de plusieurs années de négociations entre la profession et les pouvoirs publics, et comporte deux avantages majeurs pour les pharmaciens.
Avant tout, elle rémunère véritablement l’acte de dispensation, de même que le conseil et le suivi du patient, notamment à travers son dossier pharmaceutique. Le rôle et les missions du pharmacien ont fait l’objet d’une importance réforme en 2009 - la première depuis 1888 ! - et la « marge commerciale » ne correspondait plus, selon l’APB, à la prise en compte de ces nouvelles activités. De plus, le fait de « déconnecter » la rémunération du prix du médicament rend les pharmaciens moins dépendants des baisses de prix décidées par les pouvoirs publics ou liées à l’évolution des marchés, et qui se traduisaient auparavant par une baisse de rémunération. « La réforme des honoraires est en adéquation avec notre nouveau rôle », poursuit Mme Lecroart, tout en rappelant que cette évolution a coûté énormément d’efforts aux pharmaciens : « nous avons commencé à y travailler en 2004, et ce ne fut pas simple, souligne-t-elle, mais cela nous évitera d’aller dans le mur comme c’est le cas dans certains pays ». D’autres pays européens, dont l’Allemagne, les Pays-Bas et la Suisse, ont déjà réformé leur rémunération de la même manière ces dernières années, là aussi pour mieux l’adapter à leurs nouvelles missions, et pour être moins dépendants de l’évolution des prix.
Une pharmacie pour 2 070 habitants.
Rappelons par ailleurs que la Belgique se caractérise par des règles très strictes en matière de monopole, de répartition, d’exercice professionnel et de publicité… mais autorise dans le mêmetemps les chaînes de pharmacies. Celles-ci appartiennent d’une part à des « mutuelles » (c’est-à-dire des caisses de maladies publiques ou privées) ou à des chaînes de grossistes, comme les 110 officines de « Lloydspharma », une filiale de Celesio. Les 5 131 officines belges se caractérisent par leur petite taille, avec une pharmacie pour 2 070 habitants, et un chiffre d’affaires avoisinant le million d’euros, réalisé à 84 % par le médicament (71 % de prescriptions et 13 % d’OTC), le reste étant constitué par des produits comme les nutriments, la cosmétologie et l’hygiène.
Le nombre d’officines est actuellement en baisse, car beaucoup de chaînes rachètent des indépendants pour les fermer ensuite, afin d’accroître la taille de leurs propres officines. Cette année, c’est la Belgique qui occupe la présidence tournante du Groupement Pharmaceutique de l’Union Européenne (GPEU), en la personne de Filip Babylon, pharmacien près de Bruges et président de l’APB.
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