Honneur à Haruki Murakami, l’un des écrivains japonais les plus lus au monde, qui a réuni, sous le titre « Profession romancier » (1) douze essais autobiographiques sur l’écriture et son métier de romancier. On redécouvre ainsi comment, après avoir ouvert un bar pour ne pas se retrouver salarié et avoir, entre 20 et 30 ans, « trimé du matin au soir à toutes sortes de tâches très physiques », il assistait à un match de base-ball lorsqu’« une pensée (lui) a traversé l’esprit : “Tiens, et si j’écrivais un roman ? ” » Trente-cinq ans plus tard, couvert de lauriers, il affirme à nouveau : « Je suis un homme tout à fait ordinaire. » Les coulisses de son quotidien et ses réflexions drôles et pertinentes sur la littérature ou la société japonaise n’ont rien d’ordinaire !
Romancière (« Un monde flamboyant ») et essayiste (« Une femme regarde les hommes regarder les femmes ») traduite dans plus de trente langues et par ailleurs chargée de cours en psychiatrie à la faculté de médecine Weill, Siri Hustvedt mêle l’histoire d’une certaine S. H., « montée » à 23 ans de son Minnesota natal à New York dans l’intention d’écrire un roman, et celle de la même S. H. qui, quarante ans plus tard, trouve le journal tenu alors. La romancière d’aujourd’hui entame un récit autobiographique, « Souvenirs de l’avenir » (2), où les faits d’hier plus ou moins vivaces et les oublis aussi sont passés au crible de la mémoire et parfois reformulés. Le souvenir traumatique d’un viol est ainsi revisité, de même que la brutalité du patriarcat. Une nouvelle illustration, entre drôlerie et colère, de la capacité de l’imaginaire à recréer le présent, voire à le guérir.
Chateaubriand et Loti
Jérôme Attal, qui écrit des chansons et des romans, mêle également les époques en nous entraînant dans les pas de Chateaubriand. On suit l’écrivain dans son exil à Londres en 1793, lorsque sa rencontre avec une jeune fille venue sonner les cloches de l’abbaye de Westminster se termine, selon ses « Mémoires d’outre-tombe », par un baiser. On le retrouve de nos jours quand un jeune homme part à Londres pour résoudre le mystère du baiser et de « la Petite Sonneuse de cloches » (3) et qu’il y rencontre une jeune bibliothécaire anglaise venue dans le même but. Une errance entre les amours d’hier, d’aujourd’hui et celles qui se terrent dans les livres.
Nul besoin de romancer la vie de Julien Viaud, plus connu sous le nom de la fleur polynésienne loti, tant le personnage est romanesque ! C’est ainsi qu’Alain Quella-Villéger, spécialiste de l’écrivain depuis plusieurs décennies, a intitulé sa biographie « Pierre Loti. Une vie de roman » (4). S’appuyant sur des documents rares ou inédits, il nous entraîne dans les voyages au long cours de l’officier de marine, il nous hisse au niveau de sa gloire littéraire (« Aziyadé », « Pêcheur d’Islande », « Ramuntcho » et ses nombreux récits de voyages) et de ses frasques et frivolités aux quatre coins du monde. Il le salue aussi en tant que fervent défenseur de l’Islam, grand ami de la Turquie et engagé contre l’expansionnisme colonial ou la défense du patrimoine.
L'amour des livres
De roman en essai et récit depuis « la Démangeaison » en 1994, où elle racontait l’eczéma qui la faisait souffrir depuis l’âge de 3 ans, Laurence (et non plus Lorette) Nobécourt fouille sa mémoire et sa conscience. Dans « le Chagrin des origines » (5) elle dit comment l’écriture a donné un sens à sa vie et l’a sauvée – de la maladie, des dysfonctionnements familiaux, de la mélancolie, du suicide… Elle rend hommage à cette « voie du verbe » qui permet de se rapprocher de soi-même, liste des livres qui l’ont portée à l’appui.
À découvrir aussi le « Dictionnaire égoïste de la littérature mondiale » (6) de Charles Dantzig, qui, comme son frère aîné consacré à la littérature française (en 2005), comprend quatre types d’articles : sur des auteurs, des œuvres, des personnages et des notions.
Mots incongrus, mots oubliés, mots de jargon… Bertrand Périer,qui est avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, offre avec « Sur le bout de la langue » (7) une déclaration d’amour aux mots ludique et érudite.
(1) Belfond, 202 p., 20 €.
(2) Actes Sud, 334 p., 22,80 €.
(3) Robert Laffont, 263 p., 19 €.
(4) Calmann-Lévy, 433 p., 21,90 €.
(5) Albin Michel, 216 p., 17,90 €.
(6) Grasset, 1280 p., 32 €.
(7) JC Lattès, 187 p., 19 €.
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