VOILÀ UN HOMME conscient qu’il doit offrir une image plus conforme à l’idée de rassemblement mais qui, repris de temps à autre par ses vieux démons, est constamment obligé de corriger la mauvaise impression qu’il laisse lorsque, sous l’empire du scandale, il cherche d’autres coupables, par exemple dans l’affaire de la jeune Laëtitia, assassinée par une brute. Il ressemble à un conducteur qui, ayant commis un excès de vitesse, fait une embardée au moment de ralentir. Car il a tenté de modifier les déclarations qu’il a faites contre les juges, bien qu’il les ait condamnés sans appel. Si, désormais, la conférence de presse ou l’entretien au coin du feu avec ses concitoyens ne servent qu’à atténuer les effets négatifs de propos antérieurs, les Français continueront d’être agacés par une méthode du trois pas en arrière et deux pas en avant qui revient à reculer.
Interrogés par les médias, des socialistes ont jugé ennuyeuse la prestation télévisée du chef de l’État. Paradoxalement, le Sarkozy qui exagère est celui qui offre le meilleur spectacle ; et le Sarkozy qui s’explique avec sagesse et raison est celui qui endort. Comment ignorer que les mesures pour enrayer le chômage, et qui sont directement inspirées par les idées déjà appliquées naguère par la gauche, n’auront qu’un effet très partiel ? Pourquoi ne pas reconnaître qu’elles n’entameront le chômage qu’à la marge et qu’elles ne remplaceront pas la forte croissance qui n’est prévue ni pour cette année ni pour l’an prochain ? On était, jeudi dernier, dans l’univers du déjà vu. Nous savons qu’aucun gouvernement, coïncé entre la dette et la nécessité de relancer la croissance, n’est à la noce.
Il faut bien le dire, M. Sarkozy s’est ingénié à multiplier le nombre des mécontents en France. Que sa réforme des retraites lui ait valu la haine tenace des salariés relevait d’un combat politique essentiel où il n’a pas manqué de courage. Que, tout d’un coup, il ait jugé sévèrement les juges au sujet de l’affaire Laëtitia, était en revanche inutile et contreproductif. Il a, avec les magistrats, un lourd contentieux, ne serait-ce que parce qu’il a été le maître d’œuvre de la réforme de la carte judiciaire et qu’il a fait adopter de nouvelles lois quand il eût fallu appliquer celles qui existaient déjà. Et parce qu’il les a traités de « petits pois », ce qui n’est pas digne d’un président.
Ferveur masochiste.
Ce n’est pas que les juges soient au-dessus de tout contrôle et de toute évaluation ; ce n’est pas que la vie de la justice ne soit pas jalonnée d’erreurs judiciaires criantes d’où les juges sortent toujours indemnes comme s’ils pouvaient en toute occasion décider du destin de leurs concitoyens mais étaient eux-mêmes invulnérables; ce n’est pas qu’il n’y ait pas, dans la révolte contre M. Sarkozy un énorme réflexe corporatiste nourri par une arrière-pensée politique. Mais un pouvoir qui, dans le souci de réforme, s’attaque à un bastion, doit éviter d’être pris en flagrant délit de harcèlement. Les juges ont le sentiment que le chef de l’État s’en prend à eux systématiquement, de même que les enseignants ou d’autres catégories professionnelles de la fonction publique, qui deviennent les mal-aimés de la société alors qu’ils sont indispensables à son fonctionnement.
C’est donc une question de dosage. Les déclarations de M. Sarkozy au lendemain de l’assassinat de Laëtitia ont mis le feu au baril de poudre. Avec une sorte de ferveur masochiste sinon suicidaire, le président, qui croit profondément à ses chances de l’emporter en 2012, refuse de ralentir le rythme des réformes. Jeudi soir, il a répété qu’il « croit beaucoup » aux jurys populaires en correctionnelle. Nouvelle pomme de discorde avec la magistrature, nouvelle crise en prévision, à quelques mois des échéances électorales. Vendredi matin, « Le Figaro » consacrait sa manchette au président qui réforme « pour protéger ». On protège tant bien que mal, mais quand on veut gagner un second mandat, on doit surtout rassembler. À part les militants de l’UMP, qui sont les amis de M. Sarkozy ? Les salariés, les enseignants, les magistrats, les syndicats, les chômeurs ? Face à tant d’adversaires, il n’est pas surprenant que sa cote de popularité soit aussi basse.
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