LES GRECS SONT DÉçUS. Ils espéraient une aide massive de l’Union européenne et leur Premier ministre, Georges Papandréou, tout en regrettant ce qu’il considère comme un déni de solidarité, a été contraint de prendre des mesures d’économie draconiennes, en augmentant les impôts et en diminuant de beaucoup les dépenses publiques. Ces mesures ont déjà entraîné des grèves et de multiples protestations dans un pays dont la classe moyenne va subir de plein fouet le plan de redressement financier. Les Européens, et plus particulièrement les Allemands, n’ont pas manqué de rappeler au gouvernement grec, fraîchement élu, que les comptes publics du pays ont été truqués à plusieurs reprises, notamment quand la Grèce a demandé à être incluse dans la zone euro et, plus tard, quand elle a voulu cacher des déficits excessifs, incompatibles avec les critères de Maastricht. Angela Merkel a sèchement précisé que l’Allemagne ne verserait pas un sou pour aider la Grèce. À quoi M. Papandréou a répondu, pas très finement, que les Grecs n’avaient pas plus le gène de la corruption que les Alemands avaient le gène nazi.
Le cas grec n’est pas unique. Aucun pays de l’Union, même pas l’Allemagne, ne présente un budget en excédent ou une dette inexistante. D’autres pays, ceux dont la situation est la plus précaire, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et même l’Italie, sont confrontés eux aussi à des déficits publics et à une dette pratiquement insurmontables. L’idée la plus répandue est que l’Union, privée d’un gouvernement économique qui s’imposerait à tous ses membres, serait menacée d’explosion et que l’euro pourrait être abandonné. Ce tragique pronostic n’existe que dans l’imagination des Cassandre : la plupart n’ont pas vu la crise venir et tentent de se rattraper en s’inscrivant dans la prévision apocalyptique, manière d’obtenir pour eux-mêmes, le jour du jugement dernier, un peu de satisfaction pendant que les peuples seront engloutis par le chaos.
Faut-il les croire ? La baisse de l’euro est une excellente nouvelle pour les industries exportatrices de l’UE et elle est modérée ; par rapport à son pic, la monnaie a perdu 10 % de sa valeur mais elle s’échange encore contre 1,35 dollar. C’est, pour le moment, un échec pour les spéculateurs, qui courraient de grands risques s’ils continuaient à attaquer la monnaie européenne. Bien qu’il s’inquiète des conséquences sociales, et politiques, de ses mesures, M. Papandréou a montré que la Grèce est capable de prendre son sort en mains.
Des Français plutôt malheureux.
L’Europe a compris la leçon. Si les Grecs dispendieux et insouciants se sont résolus à adopter la rigueur et l’austérité, cela signifie que tous les Européens doivent en faire autant, sauf les pays vertueux, comme les Pays-Bas. Le fait que les autres gouvernements n’ont pas truqué leurs comptes ne les exonère pas de l’épreuve à venir. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel jouent dans la même cour mais le jour viendra où la chancelière rappellera ses devoirs au président français : la France aussi doit diminuer son train de vie si elle veut revenir entre les clous de Maastricht. Tôt ou tard, et en dépit de l’interdiction faite à tous les membres du gouvernement de prononcer le mot rigueur, il faudra augmenter les impôts et réduire les dépenses publiques.
M. Sarkozy, Christine Lagarde et Éric Wœrth refusent d’accroître la pression fiscale ; leur programme de retour à l’équilibre des comptes est fondé uniquement, et jusqu’à présent, sur la réduction progressive, mais lente, des dépenses de l’État. Cela risque de ne pas suffire et, surtout, notre compétitivité déjà essouflée sera encore réduite si nos partenaires commerciaux progressent plus vite vers des budgets en équilibre ou faiblement déficitaires. Le gouvernement est pris en tenaille entre une précarité qui s’aggrave et le coût des programmes sociaux : nous consacrons un pourcentage énorme du revenu national aux retraites, au chômage et à la santé ; malgré cet effort financier, les Français sont plutôt malheureux et inquiets. Politiquement, c’est l’heure de vérité pour le pouvoir.
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