IL NE SUFFIT plus d’avoir du cœur et de la bonne volonté pour réussir dans l’humanitaire. Les missionnaires de Pharmacie Humanitaire Internationale (PHI) en font aujourd’hui l’amère expérience. Au lendemain du tremblement de terre d’Haïti, survenu le 12 janvier 2010, l’ONG avait très vite organisé des envois de matériel médical et autres équipements de base à l’intention des populations sinistrées. Le mois dernier, un sixième conteneur est ainsi arrivé à Port-au-Prince chargé d’un silo à grains, de lits, de déambulateurs, de canes anglaises, de tables et de chaises. Un arrivage bienvenu dans un pays qui peine encore à se reconstruire et qui bénéficie désormais moins de l’éclairage médiatique propice aux élans de générosité. Cet arrivage pourrait bien être le dernier, explique en substance Jean-Marc Merle, président de PHI. « Le problème que nous rencontrons depuis quelque temps, explique-t-il, c’est que nos conteneurs ont du mal à passer les barrages douaniers. » Des dons humanitaires entravés par les douanes, on peine à le croire. Et pourtant, assure l’humanitaire, c’est la triste vérité. « Il n’est pas rare de voir des conteneurs paralysés plusieurs mois sur les quais de déchargement des ports. Je vous laisse imaginer ce qui se passe lorsque des denrées ou médicaments périssables y sont entreposés… »
3 000 dollars de frais de parking.
Les dons humanitaires seraient-ils soumis aux taxes douanières ? « Pas exactement, précise Jean-Marc Merle. Ce sont les formalités portuaires et douanières qui ralentissent le transit des marchandises vers leur destination finale. Dans un pays où l’administration est encore largement défaillante, les formalités d’admission peuvent prendre de 1 jour à 3 mois sans que l’on sache vraiment pourquoi. » Une attente qui coûte cher en taxes de parking, car les sociétés privées qui se sont vues confier la gestion des installations portuaires à Port-au-Prince prélèvent sans scrupule leur dîme sur ces stockages longue durée… Et le président de PHI de préciser : « Les frais de parking qu’on nous demande s’élèvent à environ 1 000 à 1 500 dollars par mois pour la garde d’un conteneur. » De quoi refroidir l’enthousiasme des ONG même les plus généreuses.
Recours au « système D ».
Par bonheur, les associations humanitaires ne manquent pas d’imagination pour contourner ces obstacles. Le « système D » est alors de mise. « Comme d’autres ONG, nous passions il y a quelques mois par Saint-Domingue, mais ce n’est plus possible aujourd’hui. Nous faisons également beaucoup appel à Aviation Sans Frontières (ASF), association avec laquelle nous avons un contrat de partenariat. Nous confions nos dons aux équipages des avions qui les remettent sur place à nos correspondants locaux. Problème, il ne peut s’agir que de petits colis… » « Quoi qu’il en soit, confie l’humanitaire, nous ne mettons jamais de médicaments dans les conteneurs, c’est beaucoup trop risqué. Nous préférons les faire transiter par ASF. » Et lorsque PHI ne peut faire accompagner ses envois par l’un de ses membres, elle a recours à d’autres circuits, tel celui des communautés religieuses qui sont, pour l’association, comme autant de « relais de confiance ».
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