LECLERC OU LAGARDÈRE, lequel vendra en premier des médicaments ? Et ce sera Lagardère ! En effet, Lagardère vend des médicaments sur le site www.doctipharma.com, filiale à 100 % de Doctissimo, le fameux site détenu par Lagardère Active. Rappel des faits : Lagardère a lancé son site www.doctipharma.com en mars 2014. Le site est une place de marché puisqu’il propose à des vendeurs, les pharmaciens, de vendre leurs produits aux internautes du site moyennant une commission sur les ventes. Mais Doctipharma a souhaité étendre son offre et vendre les médicaments sans ordonnance. Bien que Doctipharma ne soit pas une pharmacie, c’est aujourd’hui possible. Comment ? Chaque pharmacien vendant sur Doctipharma dispose d’un sous-domaine construit sur le principe nomdelapharmacie.doctipharma.fr. C’est avec ces sous-domaines que Doctipharma a réussi à obtenir le droit de vendre des médicaments, bien que ce ne soit évidemment pas des sites de pharmacies mais juste une sous-catégorie de l’arborescence du site mère Doctipharma… La réalité est toutefois bien différente. Il est en effet possible aujourd’hui de commander un médicament sans passer sur le fameux pseudo-site de la pharmacie. Et, bien évidemment, le paiement ne s’effectue pas auprès du pharmacien mais auprès de Doctipharma. Au final, Doctipharma sous-traite l’expédition des médicaments à une pharmacie. Fin de l’indépendance du pharmacien.
De plus, comme pour toute bonne place de marché qui se respecte, les vendeurs sont évalués en fonction de différents critères dont la qualité. Mais qu’est-ce qui signifiera la qualité d’un vendeur aux yeux de Doctipharma ? Celui qui annule des commandes en raison d’interactions et lui faisant ainsi perdre sa commission ou le vendeur qui procède à l’expédition des commandes sans annulation ? On peut d’ailleurs s’interroger si l’utilisation d’une place de marché n’entre pas en contradiction avec l’arrêté du 20 juin 2013 relatif aux bonnes pratiques de dispensation des médicaments par voie électronique qui stipule que la sous-traitance d’une partie de l’acte de vente à un tiers est interdite. De la même manière, un tiers se prêtant à une partie de l’activité de vente sans être lui-même pharmacien ne constitue-t-il pas un exercice illégal de la pharmacie ?
Et demain ? Les plateformes de vente en ligne des médicaments sont l’équivalent d’une ouverture du monopole et du capital. Ils font perdre toute indépendance au pharmacien qui se retrouve simple prestataire logistique, sous-traitance qu’ils perdront dans quelques années. Ces groupes financiers auront alors la main mise sur les ventes sur Internet. Difficile de croire qu’en permettant aujourd’hui à Lagardère de vendre des médicaments, il sera possible de résister demain à Amazon ou aux grossistes souhaitant monter leur propre plateforme de vente en ligne, puis de s’attaquer au marché physique. La grève du 30 septembre a mobilisé 90 % des pharmacies mais ce mouvement n’aura servi à rien si les plateformes de vente de médicaments sont autorisées.
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