Les censeurs

La Garde des Sceaux a-t-elle commis un crime lorsqu’elle s’est rendue à un Conseil des ministres cinq jours seulement après avoir accouché d’une petite fille ? Oui, si l’on en croit les multiples censeurs qui ont critiqué sa démarche, soit parce qu’elle aurait donné aux femmes de France l’exemple désastreux d’une maternité bâclée, soit parce qu’elle a démontré que le congé de maternité est inutile, ce qui ruine un avantage acquis, soit parce qu’elle a médiatisé la mise au monde de son enfant.

Elle a surtout prouvé que, dans une société peuplée d’imbéciles pompeux et nombreux, de psychanalystes de pacotile et de coupeurs de cheveux en quatre, elle est libre. On lui a reproché récemment son goût du luxe et du beau linge, mais son comportement semble plutôt indiquer, dès lors qu’elle récidive, qu’elle se moque du qu’en-dira-t-on. Il y aurait une provocation permanente dans sa conduite que je n’en serais pas étonné. Je voulais intituler cette chronique « Faites-les taire ! », mais il faut les encourager à parler car ils se ridiculisent eux-mêmes.