Les agressions de pharmaciens augmentent de 60 %

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Publié le 19/07/2019
violences pharmacie

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Crédit photo : DR

Cette année encore, les statistiques publiées aujourd’hui par l’Observatoire des agressions de l’Ordre font état d’une recrudescence des actes de violence et d’incivilité envers la profession. 336 pharmaciens ont déclaré une agression au cours de l’année 2018, soit 58 % de plus que l'année précédente.

Injures, menaces, vandalisme et parfois même vols à main armée et agressions physiques… l'officine est de plus en plus la cible d'actes d'incivilités et d'agressions. De fait, comme le déplore Alain Marcillac, membre du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) et référent national de sécurité : « Les pharmaciens ne sont pas épargnés par le climat de violence qui touche les professionnels de santé de premier recours. » Ce constat émane des déclarations effectuées au cours de l’année 2018 sur le site internet de l’Ordre.

Les chiffres sont accablants. Car la communication ordinale incitant les pharmaciens à ces signalements ne saurait à elle seule expliquer cette flambée d'insécurité. Les actes d’incivilité et de violence ont augmenté de 58 % entre 2017 et 2018. Sur ces 336 déclarations, la moitié était motivée par des injures et menaces à l’encontre des titulaires et de leur équipe. La première source d’altercation est la difficulté de prise en charge liée au tiers payant, (absence de carte vitale, de carte de mutuelle, médicament non remboursé, carte vitale non à jour…). Ces cas ont doublé en un an. La part des agressions liées aux stupéfiants régresse en revanche pour constituer 15 % des motifs d’agressions contre 18 % il y a un an (voir article « abonné »).

Fait révélateur de la banalisation de la violence : plus de la moitié des auteurs sont des clients habituels de la pharmacie et dans un cas sur cinq, l’exaction est caractérisée par une agression physique (17 % en 2017). Les vols diminuent certes mais restent avec 18,7 % la seconde source de déclarations, dont 7 % de vols avec violence. À noter que la fréquence de l’utilisation d’arme à feu est passée de 6 % en 2017 à 2,7 % en 2018.

Phénomène observé d'année en année, les métropoles ne semblent pas être plus dangereuses pour l'exercice officinal puisque les agressions déclarées sont perpétrées majoritairement dans des communes de moins de 30 000 habitants. Les régions les plus exposées sont la Bourgogne Franche-Comté où 3,4 % des officines ont signalé un acte de violence et dans le Grand Est (2,5 %). Le nombre de signalements a doublé en Normandie, triplé dans les Hauts-de-France et quintuplé en Provence-Côte-d'Azur, tandis qu'il a augmenté de 88 % en Nouvelle Aquitaine ! Ces chiffres sont toutefois à manier avec précaution dans la mesure où il s’agit de déclarations volontaires. L’Ordre pointe en effet les distorsions qui peuvent provenir de cette méthode et les zones d’ombre qui subsistent, de nombreux pharmaciens omettant encore de signaler ces faits.

L’instance ordinale réitère par conséquent ses conseils et invite les pharmaciens victimes de tels actes à les déclarer sur l’Espace pharmacien de son site Internet. Une fiche réflexe est également à leur disposition et les aide dans les démarches à accomplir. Enfin l’Ordre national insiste sur l’importance de déposer plainte auprès des forces de l’ordre ou du procureur. Le CNOP rappelle qu’il a la possibilité de se porter partie civile lors de l’agression d’un pharmacien.


Source : lequotidiendupharmacien.fr