Emmanuel Macron n'ignore rien de cette quadrature du cercle qui l'a contraint à trouver un équilibre entre humanisme et protection du tissu social avec la loi asile/immigration, contestée non seulement par les oppositions, qui la jugent trop laxiste ou trop dure, mais par nombre d'élus de la République en marche. Dans l'affaire de "l'Aquarius", on a assisté à une levée de boucliers contre le silence et l'hypocrisie du gouvernement, qui s'est contenté de critiquer les autorités italiennes. Beaucoup de nos concitoyens sont des immigrés ou des descendants d'immigrés. Ils réagissent en établissant une analogie entre le sort des migrants actuels et celui qu'eux-mêmes ou leurs parents auraient pu subir si l'afflux d'immigrés avait été aussi massif il y a quelques décennies. Ils sont donc les premiers à invoquer la patrie des droits de l'homme, à dénoncer le délit d'indifférence, à exiger que la compassion nationale devance toute crainte, toute inquiétude, tout égoïsme.
Pourtant, la France et l'Europe n'échappent pas à une mécanique diabolique qui accroît l'intolérance à mesure que les migrants investissent le territoire. Le danger n'est pas celui d'un « grand remplacement », si complaisamment évoqué par l'extrême droite et, maintenant, par une partie de la droite, mais celui de leur victoire électorale aux européennes. Victoire qui effacerait en définitive cette part de la misère du monde que Michel Rocard nous enjoignait d'accueillir, et nous engagerait dans une politique économique et sociale probablement funeste.
S'assurer un électorat
De sorte que, si on ne souhaite pas que la France suive le chemin de l'Italie et d'autres pays tentés par le populisme, il est essentiel de rassurer les électeurs, en commençant par ne pas taxer de xénophobie ce qui n'est chez eux qu'une forme d'angoisse. Pour y parvenir, nous ne sommes pas obligés d'adopter des mesures répressives ou une communication qui reprendrait la phraséologie du Front national (Marine Le Pen a réclamé le retour « au pays d'où ils viennent » des migrants de « l'Aquarius »). Il nous suffit de présenter un programme équilibré. Lequel n'est pas facile à définir, tant la question de l'immigration est un problème bien plus européen que national. On sait que des pays membres de l'UE ont fermé leurs frontières. Pour eux, la bonne immigration, c'est zéro immigré. Mais ils se livrent à cette forfaiture au détriment de leurs partenaires. L'Union n'est pas celle des égoïsmes, elle est celle du partage.
Il est donc essentiel que des négociations reprennent entre les 28 ou, à défaut, au sein d'un groupe d'Etats européens qui ont encore une éthique. L'Italie, la Grèce, l'Espagne ne doivent pas être pénalisées par leur situation géographique. Les migrants n'arrivent pas à Pantelleria ou à Marbella, ils arrivent sur le sol européen. L'Allemagne, en son temps, a fait un effort colossal. Forte d'une générosité qu'elle a prouvée de manière tangible, elle peut élever la voix face aux récalcitrants. La France, loin de sermonner l'Italie, doit comprendre ses problèmes et participer à leur solution. Les pays plus au nord doivent eux aussi se sentir concernés.
Le gouvernement français a pour tâche de transformer le handicap migratoire en atout électoral. En excipant d'une solution prise à l'échelle de l'UE, ses forces politiques se présenteront aux élections européennes avec plus de chances. D'autant qu'un nombre excessif de candidats seront anti-européens et que, dans un monde meilleur, ils devraient être disqualifiés. Ils ne veulent aller au Parlement de Strasbourg que pour démanteler les institutions de l'UE. Il est donc hautement souhaitable que triomphe aux européennes les forces dites européistes, un qualificatif que Mme Le Pen prononce comme s'il était dégradant mais dont les partisans de la construction européenne doivent être fiers.
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion