RENÉE, la narratrice, est une artiste, une femme jeune encore, qui partage son temps entre la sculpture, la poterie – pour tenter de vendre quelques objets – et l’écriture poétique. À la vérité, une crève-la-faim pleine de bonne volonté, qui a fait ce qu’il fallait pour progresser et qui, contrairement à certains amis rentrés dans le rang, est restée fidèle à ses désirs de création. Une solitaire qui a perdu au jeu de l’amour et parfois de l’amitié. On l’admire et on la plaint.
Revenue s’installer dans une bicoque au fond du jardin de ses parents – des paysans qui ont vendu leurs terres pour en partager la valeur entre leurs deux enfants –, Renée fait la connaissance d’Hélène. Une rencontre qu’elle semble avoir attendu depuis toujours, mais placée sous le signe de l’ambiguïté et de la perversion.
Hélène, la fille unique des notaires, si belle avec sa longue chevelure, était hier une princesse inaccessible que Renée admirait et enviait de loin. En épousant Georges Henry, fils de notaire et notaire lui-même, elle avait encore arrondi sa fortune, et son prestige. Aujourd’hui, un accident de voiture l’a défigurée, désarticulée et a emporté ses beaux cheveux.
Mais pour Renée, Hélène reste la maîtresse et, lorsqu’elle l’attire dans sa propriété pour devenir son « nègre » et raconter son histoire, elle accepte. Lorsqu’elle apprend que le livre n’a rien d’une création littéraire, mais a pour objet de se venger de son mari, qu’il s’agit en fait de dévoiler, preuves et documents à l’appui, les habitudes pédophiles de Georges, lorsqu’elle comprend qu’Hélène participait à ces soirées particulières, elle accepte quand même. « J’avais vécu en portant en moi Hélène, lointaine mais intense. Enfin, je pouvais pénétrer dans le sanctuaire », reconnaît-elle.
Comment Renée, au mépris de ses convictions, s’est-elle fait la complice d’Hélène ? Il y a l’argent, bien sûr, mais comme un prétexte. La fascination exercée par l’enfant bien habillé, puis l’adolescente éblouissante et même la femme abîmée par l’accident, explique qu’elle a vendu son âme au diable.
Car, s’interroge-t-elle une fois le brûlot écrit et l’histoire divulguée, « Que sais-je de Georges, sinon ce que j’ai inventé sur la seule foi d’Hélène ? ».
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