LE DÉBAT autour de la réforme des professions réglementées bat son plein. Et Michel-Edouard Leclerc y participe. Depuis longtemps, il crie haut et fort qu’il souhaite vendre des médicaments dans ses hypermarchés. La future loi sur la croissance et le pouvoir d’achat préparée par le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, pourrait bien lui en donner l’occasion. En tout cas, Michel-Edouard Leclerc y croit. « Partout en Europe ce débat a lieu », a expliqué lundi le patron des magasins éponymes sur France Inter, dans l’émission « Service public ». Et de souligner que des magasins Leclerc et d’autres hypermarchés vendent déjà des médicaments en Europe sans qu’il y ait de problèmes majeurs de santé. Également invitée de l’émission, la présidente de l’Ordre des pharmaciens, Isabelle Adenot, affirme le contraire. Elle indique que la Suède vient justement de décider de retirer le paracétamol des GMS en raison d’un doublement des hospitalisations. « C’est pour cela que je ne veux pas vendre du paracétamol en bout de rayon, entre les légumes et la viande », rétorque Michel-Edouard Leclerc. Il assure que les médicaments seront vendus dans un univers dédié, sous le contrôle d’un docteur en pharmacie. « Il y a des pharmaciens d’officine qui souhaiteraient travailler sous l’enseigne Leclerc », affirme-t-il. Il ajoute : « Je n’aurais rien contre la création d’une section ordinale dédiée aux pharmaciens qui travaillent dans les hypermarchés. » Quoi qu’il en soit, selon lui, si le monopole était remis en question, la pharmacie resterait tout de même le principal interlocuteur des patients et ce, pendant longtemps. Pour le patron d’hypermarché, aujourd’hui, ce qui plombe le compte d’exploitation d’un jeune pharmacien, c’est d’avoir à racheter très cher un fonds de commerce à son prédécesseur.
Michel-Edouard Leclerc est donc de plus en plus sûr de son fait, il pourra bientôt proposer des spécialités de prescription médicale facultative dans ses parapharmacies. « Expliquez-moi pourquoi un gouvernement qui a autorisé la vente de médicaments sur Internet n’autoriserait pas leur commercialisation dans un espace réservé d’un centre Leclerc ? » lançait-il la semaine dernière au « Club de la presse », sur Europe 1. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il se voit déjà vendre également des médicaments remboursables. « Je commence par ce qui me paraît le moins contestable », explique-t-il. Et pourquoi pas, d’ici 10 à 15 ans, embaucher également des médecins : « Il y aura des maisons de santé, nous serons des partenaires des professionnels de santé dans nos territoires, dans les zones rurales et dans les villes. C’est un projet auquel nous travaillons. » Pourquoi l’engagement dans cette voie ? « Je partage l’analyse de Jacques Attali qui dit que le secteur de la santé est l’un des plus gros marchés qui va tirer la croissance ces 10 à 15 prochaines années du fait de l’allongement de la durée de vie. Pour les centres Leclerc, nous avons un projet global sur la santé. » Un projet économique, pas de santé publique apparemment.
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