TROP c’est trop ! « Ces médecins ont dépassé les bornes », s’indigne Michel Siffre, président du syndicat des pharmaciens du Var. Dans le collimateur des officinaux, un rhumatologue et un ophtalmologiste de Toulon, qui pratiquent depuis plusieurs années le détournement de clientèle. Le rhumatologue indique explicitement à ses patients d’aller chez certains fournisseurs de matériel médical et l’ophtalmologiste les envoie dans une pharmacie en particulier. « Cette officine vend ainsi entre 60 et 80 boîtes de Lucentis par mois, un produit très cher de traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge », observe Michel Siffre. Alerté une première fois, l’Ordre des médecins avait mené une enquête, pour finalement conclure qu’il n’y avait pas d’anomalie. « Le président de l’Ordre des médecins nous a avertis que si nous voulions attaquer, il fallait être sûrs de nous, raconte Michel Siffre. C’est pourquoi j’ai demandé aux confrères de rassembler des preuves. Nous avons ainsi récolté une quinzaine d’ordonnances, qui portent parfois explicitement le nom du magasin de matériel médical conseillé au patient. Nous avons aussi recueilli une dizaine de témoignages de patients. Ces derniers ont souvent encore peur du médecin et n’osent pas aller à l’encontre de ses préconisations. »
Rappel à la loi.
Depuis quelque temps, le phénomène prend de l’ampleur, y compris à l’hôpital. « Des patients nous expliquent que, à leur sortie, ils reçoivent une livraison d’aérosol ou de lit médicalisé à leur domicile, alors qu’ils n’ont pas choisi leur fournisseur. L’établissement hospitalier leur en a attribué un directement. » Le syndicat du Var a demandé à l’agence régionale de santé (ARS) de faire un rappel à l’ordre, comme l’avait fait l’ARS Champagne-Ardenne début 2012 (voir notre article « Halte aux détournements de clientèle » du 16 février 2012). Mais, contrairement à son homologue champardennaise, l’ARS de Provence-Alpes-Côte d’Azur a refusé. « Nous faisons pourtant bien la différence entre le conseil technique du médecin et le détournement de clientèle, avec un envoi systématique de patients vers certaines structures, déplore Michel Siffre. Toutes les pharmacies peuvent délivrer les produits concernés, il n’y a pas de raison d’en privilégier une par rapport aux autres. » Le syndicat souhaite pour le moment un simple rappel à la loi des confrères médecins. « Le patient doit avoir le choix, il faut que l’Ordre des médecins rappelle ce principe aux professionnels concernés », réclame Michel Siffre. Dans son courrier, il cite les articles L 1 110-8 du code de la santé publique et L 377-3 du code de la Sécurité sociale stipulant le libre choix du malade. Il espère que, cette fois, l’Ordre des médecins donnera suite rapidement, afin que, « à l’heure des prémices de la coopération professionnelle, une confiance réciproque puisse s’instaurer ».
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